Bref historique du CIEMI
L’expérience scalabrinienne
Le ciemi doit son existence à un ordre religieux catholique consacré depuis 1887 au service des migrants dans le monde, à savoir les Missionnaires de Saint Charles Borromée–Scalabriniens. Son fondateur, Mgr Jean-Baptiste Scalabrini (1839-1905), évêque de Plaisance (Italie), fut au XIXe siècle l’une des figures principales du « catholicisme social » italien et un précurseur de la sollicitude de l’Église catholique en faveur des migrants.
Pendant près de quatre-vingt-dix ans les Scalabriniens ont dirigé leur mission en direction de la diaspora italienne disséminée sur les cinq continents, tout en aidant ponctuellement des exilés d’autres nationalités.
En 1949, ils prirent la direction à Rome d’un Collège pontifical pour l’émigration destiné à former les prêtres italiens souhaitant assister leurs concitoyens à l’étranger. Au cours des années 1950 et 1960, grâce aux études menées dans ce Collège, la Congrégation, une fois devenue autonome après une période de gestion directe de la part du Vatican, a réfléchi sur son identité, sur la complexité du phénomène migratoire et sur les meilleurs outils pour l’aborder. En 1963, au sein dudit Collège, les missionnaires créèrent un Centre d’études sur l’émigration dans le but d’« étudier les problèmes historiques, sociologiques et pastoraux des migrations ». Ce fut le début d’une nouvelle manière de concevoir l’œuvre missionnaire auprès des migrants, en combinant action pastorale et éclairage de la réflexion scientifique.
Ce nouveau modèle d’action fut rapidement exporté. C’est ainsi que le Center for Migration Studies vit le jour à New York en 1966 ; puis que fut créé le Centro de estudos migratorios à São Paulo en 1970, suivi par deux autres structures analogues à Porto Alegre et à Bâle en 1973. Entre-temps, durant le chapitre général de 1969-1972, les Scalabriniens décidèrent d’abolir dans leur constitution toute référence à une nationalité particulière de migrants, pour se consacrer à toute personne « qui vit en dehors de sa patrie ou de son environnement social et culturel d’origine, et qui, pour de vraies nécessités, a besoin d’une action missionnaire spécifique ».
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La fondation du ciemi (1974-1977)
Parmi les initiateurs du premier centre d’études scalabrinien figure le père Antonio Perotti (1927-2004), futur fondateur du ciemi. Auteur de deux thèses de doctorat, l’une portant sur l’attitude des syndicats américains à l’égard des travailleurs étrangers (université de Rome) et l’autre sur les répercussions du nouveau marché européen sur l’émigration italienne (université de Louvain), Antonio Perotti plaide au sein de sa Congrégation en faveur d’une utilisation plus marquée des outils fournis par les sciences humaines et d’un plus grand investissement dans la pastorale du monde ouvrier. Durant et juste après les trente glorieuses, la difficile condition des travailleurs dans les usines est telle que la question ouvrière semble être un sujet aussi central et débattu qu’au XIXe siècle. Dans le milieu ecclésial, les ouvriers, dont beaucoup d’immigrés, sont ainsi considérés comme les « vrais pauvres », qui échappent à la sollicitude de l’Église, perçue comme éloignée de leurs préoccupations.
En 1973, Giovanni Battista Sacchetti, confrère et ami d’Antonio Perotti, constatant que le Centre d’études sur l’émigration (cser) qu’il dirige à Rome est géographiquement trop éloigné des institutions des communautés européennes, envisage de constituer une antenne du cser à Paris, en la rattachant à l’une des missions scalabriniennes présentes sur place. Ses arguments se situent dans la droite ligne des considérations qu’Antonio Perotti fera siennes : Paris est un lieu hautement stratégique à la fois dans le monde des migrations et pour l’avenir de l’Église. La ville accueille le siège d’importants organismes internationaux (unesco, ocde, etc.), compte des organisations syndicales très actives sur le terrain en faveur des immigrés et abrite des exemples phares de pastorales ouvrières, qui assistent les travailleurs immigrés, catholiques comme musulmans.
En 1974, au terme de son mandat de conseiller général à la direction de son ordre, Antonio Perotti obtient de pouvoir être assigné à la région parisienne afin de réaliser le projet du père Sacchetti. Le nouveau centre d’études s’appuiera sur le Centre de Documentation Migrations que Louis Taravella, scalabrinien, a déjà commencé à constituer à Paris et qui sera plus tard intégré au futur ciemi.
Antonio Perotti parvient, non sans rencontrer quelques résistances parmi ses confrères en France, à créer en deux ans, dans les locaux de la Mission catholique italienne sise au 46, rue de Montreuil, le Centre d’information et d’études sur les migrations méditerranéennes (ciemm). Les textes rédigés peu avant la déclaration officielle de l’association à la Préfecture, le 6 avril 1977, montrent la détermination d’Antonio Perotti à mettre en œuvre sa vision de ce que devrait être ce nouvel organisme, à savoir un établissement laïc, indépendant et autonome de la Congrégation scalabrinienne. Dès que le Centre est juridiquement constitué en association, son directeur s’engage donc à en respecter les statuts, tout en privilégiant une typologie d’adhérents et de personnels (salariés et bénévoles) la plus représentative possible du monde des migrations et de la classe ouvrière. Il s’entoure alors de religieux non scalabriniens, d’anciens réfugiés, d’immigrés et d’autochtones, et ce faisant, rassemble différentes sensibilités religieuses (catholiques, protestants, musulmans, athées).
L’époque d’Antonio Perotti (1977-1993)
Le 5 avril 1977, la première Assemblée générale de l’association se réunit pour approuver ses statuts. Louis Taravella est nommé président, Mgr Bernard Guillard (secrétaire de la Commission épiscopale) vice-président, le père Mario Zonta, trésorier et sœur France Thépaut (de la Communauté des Filles du Saint-Esprit), secrétaire. Initialement dénommé ciemm, l’organisme sera plus tard rebaptisé Centre d’information et d’études sur les migrations (ciem) avant de devenir définitivement en 1985 le Centre d’information et d’études sur les migrations internationales. En 1978, la Direction provinciale des Scalabriniens met à la disposition de l’association cinq locaux situés au rez-de-chaussée du 46, rue de Montreuil, anciennement affectés à l’imprimerie du journal l’Eco d’Italia. Dans le but d’impliquer dans une sorte d’alliance commune en faveur de la cause migratoire le plus grand nombre d’acteurs de la société civile, le 6 décembre 1979 l’Assemblée générale de l’association décide de confier la présidence du ciemi à Philippe Farine, ancien président du Comité catholique contre la faim et pour le développement (ccfd) et membre éminent du parti socialiste, œuvrant pour l’intégration des immigrés en France.
Antonio Perotti dirige l’association jusqu’en 1993. Plusieurs aspects caractérisent cette période : a) l’effort d’immersion dans le milieu ecclésial et associatif parisien et français, qui se reflète dans la composition même du personnel du Centre ; b) la volonté de médiation entre les mondes religieux et laïc, chrétien et musulman, associatif et académique, scalabrinien et non scalabrinien ; c) la multiplication des activités et des ressources humaines nécessaires à la réalisation de ces dernières ; d) les difficultés administratives et financières.
Tandis que le secteur documentation se développe et s’enrichit, les pôles formation et édition intensifient leurs activités. Le père Perotti soutient et aide de nombreux jeunes, notamment immigrés, intéressés par la recherche et le militantisme et, parallèlement, se montre disponible et généreux vis-à-vis des associations actives à cette époque. Il intervient comme expert auprès d’instances ecclésiales, enseigne ponctuellement dans les universités, siège dans les conseils d’administration d’associations et d’organismes publics, participe en tant que représentant du Saint-Siège aux travaux que le Conseil de l’Europe mène alors sur les migrations, anime des colloques nationaux et internationaux, etc. Ses préoccupations et ses centres d’intérêt sont multiples : l’interculturel, l’influence des médias sur l’opinion publique, l’associationnisme maghrébin, l’intégration, etc.
Dans sa vision stratégique, il est essentiel que les principales structures dédiées aux travailleurs immigrés se fédèrent et collaborent plus étroitement. En conséquence, elles doivent se regrouper géographiquement, partager des services (d’où l’idée d’une « imprimerie associative commune »), créer des coordinations ad hoc pour plaider les causes les plus importantes. Selon lui, ce tissu associatif a besoin du concours de la recherche scientifique, ce qui conduit le ciemi à nouer des liens étroits avec le monde universitaire et à lancer, en 1984, deux collections d’ouvrages en coédition avec les Éditions L’Harmattan : « Migrations et changements » (57 titres jusqu’en 2000) et « Recherches universitaires et migrations » (12 titres jusqu’en 1995).
À la fin des années 1980, impliqué sur plusieurs fronts, le ciemi commence à ressentir le poids de la lourde charge de ses engagements éditoriaux (collections de livres, bulletins, périodiques, manuels, etc.) et de ses multiples initiatives. Les finances font défaut, et le personnel, pourtant relativement nombreux, ne parvient plus à suivre toutes les activités. Parallèlement, le directeur ayant au fil du temps généreusement accordé des locaux aux associations ne disposant pas de siège propre, le Centre se retrouve de plus en plus confiné dans des espaces exigus, qui entravent ses perspectives de développement.
Entre 1989 et 1999, parfois plus par nécessité que pour répondre à des projets spécifiques, le ciemi doit fusionner des secteurs, diminuer ses coûts et récupérer des locaux. Les différentes publications produites par le Centre sont fondues dans la nouvelle revue scientifique Migrations Société, dont le premier numéro voit le jour en février 1989, d’abord sous la direction d’André Costes (jusqu’en août 1990), puis de Pierre Toulat (jusqu’en 1993). De son côté, le service documentation connaît sa révolution informatique, passant des fiches papier aux enregistrements informatiques.
L’association fait face à de nombreux aléas liés notamment à l’incertitude des financements, à la réduction et à la réorientation de ses activités, à une diminution de personnel, etc.
Le ciemi après l’époque des « travailleurs immigrés » (1994-2003)
En plus d’assumer un héritage spirituel exceptionnel, Lorenzo Prencipe, successeur d’Antonio Perotti, a pour tâche de redresser le Centre sur le plan économique et de « rationaliser » ses activités, épaulé, entre autres, par Philippe Farine et Gianmario Maffioletti.
En 1992 et pendant quelques années, le ciemi se dote d’un « conseil d’orientation », dont l’objectif est de diversifier les sources d’information du Centre, de développer ses liens avec les animateurs de terrain et d’évaluer son impact sur la société. Il compte des chercheurs, des journalistes, des fonctionnaires, des représentants des institutions européennes et des religieux, qui analysent la façon dont le Centre est perçu par le public et suggèrent des pistes pour améliorer sa visibilité.
En 1994, les ressources économiques du Centre sont considérablement réduites, les Scalabriniens ne pouvant plus assumer l’intégralité de son budget annuel. Après le départ de Pierre Toulat, la fonction de rédacteur en chef de Migrations Société (dont le nombre de lecteurs et de pages ne cesse de croître) est assurée successivement par Antonio Perotti, Philippe Farine et Lorenzo Prencipe.
En plus des activités documentaires et éditoriales, la nouvelle direction du Centre hérite de plusieurs engagements. En effet, depuis 1990, le ciemi avec l’Institut du monde arabe est partie prenante du diplôme de 3e cycle « Migrations, échanges et développements méditerranéens », créé par l’université Paris-Diderot. Parallèlement, l’association intervient chaque année lors des stages et sessions de formation organisés par les Centres de formation et d’information pour la scolarisation des enfants de migrants (cefisem), siège au conseil d’administration de l’Agence pour le développement des relations interculturelles (adri) et collabore en tant que membre fondateur à la Coordination européenne pour le droit des étrangers à vivre en famille.
Entre 1993 et 1999, plusieurs séminaires, formations et colloques organisés par le ciemi portent sur la « médiation » culturelle dans différents domaines : les associations, les communautés musulmanes, le droit français, l’école, les Églises et le sport. Une autre thématique particulièrement développée au cours des initiatives et interventions ponctuelles du Centre a trait aux « représentations de l’Autre » dans la presse et au sein de l’opinion publique.
Les années 1990 voient la disparition progressive de l’expression « travailleurs immigrés », jusque-là utilisée pour désigner une catégorie particulière de membres de la classe ouvrière, au profit du terme « immigrés », qui se réfère à des personnes ayant désormais vocation à s’installer définitivement en France et dont la présence suscite des questions quant à leur intégration.
Au début des années 2000, l’association propriétaire des locaux qui accueillent le ciemi rénove ses bureaux et la salle de lecture. Ce changement logistique permet une meilleure organisation de la bibliothèque et une augmentation considérable des initiatives sur place. Parallèlement, Pedro Vianna, membre depuis 1991 du conseil éditorial de Migrations Société devient, en janvier 2000, rédacteur en chef de la revue.
Appelé à constituer à Rome le Scalabrini International Migration Institute, Lorenzo Prencipe quitte le ciemi en 2003, tandis qu’en mars 2005 Philippe Farine, âgé de 86 ans, démissionne du poste de président. Ils seront remplacés respectivement par Luca Marin, sociologue, et Vincent Geisser, sociologue et politologue, chercheur à l’iremam (Aix en Provence).
Une expertise en matière de migrations
Depuis 2003, le CIEMI continue de développer la collecte et l’élaboration du savoir sur les migrations internationales, au service des publics les plus divers : étudiants, bénévoles, membres d’associations, fonctionnaires, travailleurs sociaux, services d’Église, enseignants, chercheurs, bibliothécaires, détenus, avocats, etc.
De son côté, la revue Migrations Société prend au fil du temps une nouvelle dimension et élargit l’éventail de ses approches ainsi que le nombre des membres de son conseil scientifique, tandis que le secteur formation reprend ses activités en proposant de nombreuses initiatives sur des thématiques variées : les discriminations basées sur l’origine, le « malaise » dans les banlieues, la religion dans les quartiers populaires, les Roms, le traitement médiatique des questions migratoires, les printemps arabes, l’immigration, l’identité nationale, les catholiques et les migrants, les mineurs isolés étrangers, l’intégration à la française, les descendants d’immigrés, etc.
Parallèlement aux séances de formation thématiques Connaître les migrations organisées depuis 2008, le ciemi collabore avec de nombreux organismes : le CCFD-Terre Solidaire, la Mairie de Paris, plusieurs associations et municipalités françaises, l’Université de Valence (Espagne), le Service national de la pastorale des migrants, etc.
En 2009, le Centre tente de réactiver ses collections d’ouvrages scientifiques sur les migrations, en sommeil depuis 2000, en publiant deux livres. Toutefois, les exigences juridiques et commerciales imposées actuellement par le monde de l’édition, ne lui permettent pas de poursuivre dans cette voie.
À partir de 2014, suite à une réorientation nationale et européenne des politiques d’intégration des étrangers, le ciemi a subi le contrecoup des nouvelles restrictions budgétaires, en dépit des résultats obtenus et de la considération que lui portent plusieurs représentants des institutions publiques et du monde de la recherche.
Fin 2015, Josselin Dravigny succède à Pedro Vianna au poste de rédacteur en chef de Migrations Société, fonction assurée depuis 2021 par Niandou Touré.
Aujourd’hui comme hier, l’une des problématiques auxquelles l’association est confrontée a trait à la circulation de son savoir. C’est l’un des nombreux chantiers dans lesquels le Centre est actuellement investi.
CIEMI - 46, rue de Montreuil
75011 - Paris - France
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A brief history of the CIEMI
The Scalabrinian experience
The ciemi owes its existence to a Catholic religious order, the Missionaries of Saint Charles Borromeo-Scalabrinians, who have been dedicated to serving migrants around the world since 1887. Its founder, John-Baptist Scalabrini (1839-1905), Bishop of Piacenza (Italy), was one of the leading figures of Italian “social Catholicism” in the 19th century and a precursor of the Catholic Church’s concern for migrants.
For almost ninety years, the Scalabrinians have directed their mission towards the Italian diasporas scattered across five continents, while occasionally helping exiles of other nationalities.
In 1949, they took over the management in Rome of a Pontifical College for Emigration, designed to train Italian priests wishing to assist their fellow citizens abroad. During the 1950s and 1960s, thanks to the studies carried out at this College, the Congregation, which had become autonomous after a period of direct management by the Vatican, reflected on its identity, on the complexity of the migration phenomenon and on the best tools for dealing with it. In 1963, within the College, the missionaries created a Centre for Emigration Studies with the aim of “studying the historical, sociological and pastoral problems of migration”. This was the beginning of a new way of conceiving missionary work with migrants, combining pastoral action with scientific reflection.
This new model was quickly exported. The Center for Migration Studies was founded in New York in 1966, followed by the Centro de estudos migratorios in São Paulo in 1970, and two similar structures in Porto Alegre and Basel in 1973. In the meantime, during the 1969-1972 General Chapter, the Scalabrinians decided to abolish in their constitution any reference to a particular nationality of migrants, in order to devote themselves to all people “who live outside their homeland or their social and cultural environment of origin, and who, for real needs, require specific missionary action”.
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The founding of the ciemi (1974-1977)
Among the initiators of the first Scalabrinian study centre was Father Antonio Perotti (1927-2004), the future founder of the ciemi. The author of two doctoral theses, one on the attitude of American trade unions towards foreign workers (University of Rome) and the other on the repercussions of the new European market on Italian emigration (University of Louvain), Antonio Perotti argued within his Congregation in favour of greater use of the tools provided by the human sciences and greater investment in pastoral care of the working world. During and just after the “thirty glorious years”, the difficult condition of workers in factories was such that the issue of workers seemed to be as central and debated as it had been in the nineteenth century. In Church circles, workers, many of whom were immigrants, were seen as the “real poor”, who escaped the Church’s concern, which was perceived as being far removed from their concerns.
In 1973, Giovanni Battista Sacchetti, a confrere and friend of Antonio Perotti, realised that the Centro Studi Emigrazione Roma (cser) that he directed in Rome was too far away geographically from the institutions of the European Communities, and envisaged setting up a cser branch in Paris, attached to one of the Scalabrinian missions present there. His arguments are fully in line with the considerations that Antonio Perotti will endorse: Paris is a highly strategic location both in the world of migration and for the future of the Church. The city is home to the headquarters of major international organisations (unesco, oecd, etc.), has trade union organisations that are very active in supporting immigrants, and is home to leading examples of workers’ pastoral care, which assists immigrant workers, both Catholic and Muslim.
In 1974, at the end of his term as General Councillor of his order, Antonio Perotti was assigned to the Paris region to carry out Father Sacchetti’s project. The new study centre would be based on the Centre de Documentation Migrations that Louis Taravella, a Scalabrinian, had already begun to set up in Paris, and which would later be integrated into the future ciemi.
Antonio Perotti managed, not without encountering some resistance from his colleagues in France, to set up the Centre d’information et d’études sur les migrations méditerranéennes (ciemm) within two years, in the premises of the Italian Catholic Mission at 46, rue de Montreuil. The texts drawn up shortly before the official declaration of the association to the Prefecture on April 6, 1977 show Antonio Perotti’s determination to implement his vision of what this new organisation should be: a lay institution, independent and autonomous from the Scalabrinian Congregation. As soon as the Centre was legally constituted as an association, its director undertook to respect its statutes, while favouring a type of membership and staff (salaried and voluntary) that was as representative as possible of the world of migration and the working class. He surrounded himself with non-Scalabrinian religious figures, former refugees, immigrants and locals, and in so doing brought together different religious sensibilities (Catholics, Protestants, Muslims, atheists).
The Antonio Perotti’s era (1977-1993)
On April 5, 1977, the association’s first General Assembly was held to approve its constitutions. Louis Taravella was appointed president, Father Bernard Guillard (secretary of the Episcopal Commission) vice-president, Father Mario Zonta treasurer and Sister France Thépaut (of the Community of the Daughters of the Holy Spirit) secretary. Initially called ciemm, the organisation was later renamed Centre d’information et d’études sur les migrations (ciem) before finally becoming the Centre d’information et d’études sur les migrations internationales in 1985. In 1978, the Provincial Directorate of the Scalabrinians made available to the association five premises located on the ground floor of 46, rue de Montreuil, formerly used by the printing works of the newspaper l’Eco d’Italia. On December 6, 1979, the association’s General Assembly decided to entrust the presidency of the ciemi to Philippe Farine, former president of the Catholic Committee against Hunger and for Development (ccfd) and a prominent member of the Socialist Party, working for the integration of immigrants in France.
Antonio Perotti ran the association until 1993. Several aspects characterise this period: a) the effort to immerse the Centre in the Parisian and French ecclesial and associative environment, which is reflected in the very composition of the Centre’s staff; b) the desire to mediate between the religious and secular, Christian and Muslim, associative and academic, Scalabrinian and non-Scalabrinian worlds; c) the multiplication of activities and the human resources needed to carry them out; d) the administrative and financial difficulties.
While the documentation section grew and developed, the training and publishing sections intensified their activities. Father Perotti supported and helped many young people, particularly immigrants, who were interested in research and activism, and at the same time was available and generous to the associations active at the time. He acted as an expert for ecclesiastical bodies, taught at universities from time to time, sat on the boards of associations and public bodies, took part as the Holy See’s representative in the work that the Council of Europe was doing at that time on migration, led national and international conferences, etc. He had a wide range of concerns and interests, including intercultural issues, the influence of the media on public opinion, North African associationism and integration.
In his strategic vision, it was essential that the main structures dedicated to immigrant workers federate and work more closely together. As a result, they needed to group together geographically, share services (hence the idea of a “common associative print factory”) and create ad hoc coordinations to advocate the most important causes. In his view, this network of associations needed the support of scientific research, which led the ciemi to forge close links with the academic world and, in 1984, to launch two collections of works co-published with Éditions L’Harmattan: “Migrations et changements” (57 titles until 2000) and “Recherches universitaires et migrations” (12 titles until 1995).
At the end of the 1980s, involved on several fronts, the ciemi began to feel the weight of the heavy burden of its editorial commitments (book collections, newsletters, periodicals, manuals, etc.) and its many initiatives. Finances were lacking, and the relatively large staff could no longer keep up with all the activities. At the same time, with the Director having generously granted premises to associations that did not have their own headquarters, the Centre found itself increasingly confined to cramped quarters, hampering its development prospects.
Between 1989 and 1999, sometimes more out of necessity than to respond to specific projects, the ciemi had to merge sectors, cut costs and reclaim premises. The various publications produced by the Centre were merged into the new scientific journal Migrations Société, the first issue of which was published in February 1989, first under the editorship of André Costes (until August 1990), then Pierre Toulat (until 1993). The documentation department also underwent a computer revolution, moving from paper files to computer records.
The association was faced with a number of uncertainties, including unsure funding, the reduction and reorientation of its activities, and a reduction in staff.
The Ciemi after the “immigrant workers” era (1994-2003)
As well as taking on an exceptional spiritual legacy, Lorenzo Prencipe, Antonio Perotti’s successor, had the task of turning the Centre around economically and “rationalising” its activities, with the support of Philippe Farine and Gianmario Maffioletti, among others.
In 1992, and for a number of years afterwards, the ciemi set up an “Orientation Council”, with the aim of diversifying the Centre’s sources of information, developing its links with those working in that field and assessing its impact on society. Its members include researchers, journalists, civil servants, representatives of European institutions and religious figures, who were supposed to analyse how the public perceived the Centre and to suggest ways of improving its visibility.
In 1994, the Centre’s financial resources were considerably reduced, as the Scalabrinians could no longer cover its entire annual budget. Following Pierre Toulat’s departure, Antonio Perotti, Philippe Farine and Lorenzo Prencipe took over as editors-in-chief of Migrations Société (whose readership and pages continued to grow).
In addition to its documentary and editorial activities, the Centre’s new management had inherited a number of commitments. Since 1990, the ciemi and the Institut du Monde Arabe had been involved in the 3rd cycle diploma in “Mediterranean migration, exchange and development”, set up by the University of Paris-Diderot. At the same time, every year the association took part in training courses and sessions organised by the Centres de formation et d’information pour la scolarisation des enfants de migrants (cefisem), sat on the board of the Agence pour le développement des relations interculturelles (adri) and was a founder member of the European Coordination for the Right of Foreigners to Family Life.
Between 1993 and 1999, several seminars, training courses and colloquia organised by the ciemi dealt with cultural “mediation” in various fields: associations, Muslim communities, French law, schools, churches and sport. Another theme that was particularly developed in the course of the Centre’s initiatives and one-off interventions relates to “representations of the Other” in the press and in public opinion.
The 1990s saw the gradual disappearance of the term “immigrant workers”, which until then had been used to refer to a particular category of working-class people, in favour of the term “immigrants”, which referred to people who were now destined to settle permanently in France and whose presence raised questions about their integration.
In the early 2000s, the association that owned the premises housing the ciemi renovated its offices and reading room. This logistical change led to a better organisation of the library and a considerable increase in on-site initiatives. At the same time, Pedro Vianna, a member of the Migrations Société editorial board since 1991, became editor-in-chief of the journal in January 2000.
Lorenzo Prencipe left the ciemi in 2003 to set up the Scalabrini International Migration Institute in Rome, while in March 2005 Philippe Farine, aged 86, resigned as president. They were replaced respectively by Luca Marin, sociologist, and Vincent Geisser, sociologist and political scientist, researcher at iremam (Aix en Provence).
Migration expertise
Since 2003, the CIEMI continued to develop the capitalisation and development of knowledge on international migration, serving a wide range of audiences: students, volunteers, members of associations, civil servants, social workers, church services, teachers, researchers, librarians, prisoners, lawyers, etc.
For its part, the journal Migrations Société took on a new dimension over time, broadening the range of its approaches and the number of members on its scientific board, while the training sector resumed its activities, proposing several initiatives on a variety of themes: discrimination based on origin, the “malaise” in the suburbs, religion in working-class neighbourhoods, the Roma, media coverage of migration issues, the Arab Spring, immigration, national identity, Catholics and migrants, unaccompanied foreign minors, French-style integration, descendants of immigrants, etc.
Alongside the themed training sessions on Connaître les migrations organised since 2008, the ciemi worked with a number of organisations: the CCFD-Terre Solidaire, the Paris municipality, several French associations, the University of Valencia (Spain), the National Service for the Pastoral Care of Migrants and others.
In 2009, the Centre attempted to reactivate its collections of scientific books on migration, which had been dormant since 2000, by publishing two books. However, the legal and commercial requirements currently imposed by the publishing world did not allow it to continue in this direction.
From 2014 onwards, following a national and European reorientation of policies for the integration of foreigners, the ciemi suffered the repercussions of new budget restrictions, despite the results achieved and the esteem in which numerous representatives of public institutions and the world of research hold it.
At the end of 2015, Josselin Dravigny succeeded Pedro Vianna as editor-in-chief of Migrations Société, a position held since 2021 by Niandou Touré.
Today, as in the past, one of the issues facing the association is the transmission of its knowledge. That is one of the many tasks the Centre is currently accomplishing.