Les acquis du féminisme

Paris, 1935. Manifestation féministe pour le droit de vote - © Expovaccins

L’héritage du féminisme

Au cours de l’histoire, dans un contexte patriarcal universellement répandu, plusieurs femmes ont marqué leur époque de leur empreinte en occupant des postes traditionnellement réservés aux hommes : reines, philosophes, institutrices, guerrières, etc. Avant la Révolution française, certaines figures féminines comme Christine de Pizan (1365-1434), Anne Marbury Hutchinson (1591-1643), etc., sont devenues les porte-drapeaux du droit à l’éducation pour les femmes quel que soit le niveau ou la discipline. Mais c’est avec Olympe de Gouges (1748-1793), auteure d’une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, et Mary Wollstonecraft (1759-1797), auteure d’Une revendication des droits de la femme, que se fait jour une prise de conscience que les droits de l’homme s’appliquent en réalité à tout être humain, alors que jusque-là les femmes ont été reléguées dans un rôle de dépendance et de soumission vis-à-vis des hommes.

À travers les luttes pour les droits de vote, à l’éducation, au divorce, à l’avortement, à la contraception, etc., le mouvement féministe – qui considérait sa bataille comme un combat pour l’émancipation d’une sorte d’esclavage machiste – a voulu et cru pouvoir détruire les fondements d’un système social qui confinaient les femmes à l’espace privé dans une condition de soumission, d’ignorance et de dépendance. Avec ces revendications les féministes entendaient, par ailleurs, mettre fin à la culpabilisation de l’esprit d’initiative des femmes dans l’espace public et à la stigmatisation de la sexualité féminine.

Des acquis féministes non universellement répandus

Bien que durant leurs luttes politiques les féministes n’aient jamais représenté la majorité des femmes de leurs pays respectifs, leur idéologie, et surtout leurs aspirations à l’égalité entre les sexes, ont profondément influencé les sociétés du « monde occidental » et de l’ancien « bloc communiste ».

Dans de nombreux pays du monde, qui se trouvent souvent être les principaux pays d’accueil des migrants, l’« émancipation féminine » a eu des conséquences multiples dans la sphère sociale : a) l’égalité hommes/femmes est aujourd’hui considérée comme l’indicateur d’une civilisation évoluée ; b) l’arrivée massive des femmes au sein de l’espace public (monde du travail, politique, etc.) a eu pour corollaire de générer un « manque » au sein de l’espace privé (moins d’individus disposés à s’occuper à temps plein de la famille, des tâches ménagères, etc.) ; c) l’institution du mariage, autrefois fondement de la société et lien d’alliance entre des clans familiaux, est devenu un choix individuel et un lien « facile » à briser ; d) dans l’imaginaire collectif la femme « moderne » s’apparenterait à une sorte de Wonder Woman indépendante qui parvient à concilier sa carrière avec ses obligations familiales.

De ce point de vue, les pays du Sud, pour la plupart figés dans un système aux valeurs patriarcales, sont devenus encore plus éloignés culturellement du Nord. Par ailleurs, le féminisme a toujours été un ennemi farouche du multiculturalisme, politique sociale qui, en reconnaissant toutes les identités culturelles et ethniques dans un même pays, tolère, au sein de certains groupes, des pratiques jugées peu respectueuses de l’égalité hommes/femmes.

Conséquences économiques

Avant d’examiner, dans les fiches suivantes, les répercussions de ce décalage culturel entre le Nord et le Sud en matière de relations hommes/femmes, focalisons-nous sur ses conséquences économiques, qui déterminent sur le marché mondial du travail une demande de main-d’œuvre féminine spécifique, à l’origine d’importants mouvements migratoires.

Malgré les acquis internationaux en matière d’égalité des sexes, les marchés économiques mondiaux considèrent la main-d’œuvre féminine selon une vision stéréotypée de la femme « traditionnelle » : plus docile (plus soumise et meilleur marché), plus apte à effectuer des tâches que les sociologues qualifient de re-production (par opposition aux activités de production, consistant en la fabrication d’objets) et dont la finalité est d’aider les individus (services aux personnes, éducation, soins à domicile, emplois domestiques, etc.), plus performante pour les emplois qui requièrent une attention constante et routinière (industrie textile, tâches mécaniques de contrôle de la marchandise, opérations agricoles répétitives, etc.), plus apte à communiquer avec les clients (relations publiques), etc.

Si dans les principaux pays d’immigration les tâches traditionnellement dévolues aux femmes sont de moins en moins accomplies par les autochtones, elles constituent dans leur ensemble une « niche » de secteurs d’activité où les emplois sont de plus en plus occupés par des femmes immigrées, qui les acceptent en échange d’un salaire plus élevé que le niveau moyen dans leurs pays d’origine.

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