Néerlandais, Français et Anglais en Amérique

Signature du traité de la Grande Paix de Montréal (1701) - © Tableau de Francis Back

Pendant « l’Union ibérique » (1580-1640), qui voit l’union dynastique des couronnes de Castille et du Portugal (Philippe II d’Espagne devenant aussi roi du Portugal), la puissance coloniale portugaise décline. Après une rébellion pour des raisons économiques et religieuses, en 1581 les sept Provinces-Unies (correspondant aux Pays-Bas actuels) jusqu’alors sous l’autorité du roi d’Espagne, deviennent indépendantes.

Les Néerlandais

La République des sept Provinces-Unies se lance dans l’aventure coloniale grâce à ses compagnies des Indes occidentales (WICQK) et orientales (VOCQK), dont la puissance commerciale connaît un grand essor tout au long du XVIIe siècle. Dès 1580 les Néerlandais essaient de s’emparer des forteresses commerciales portugaises en Afrique et en Asie. En 1613, ils débarquent en Amérique du Sud et fondent la colonie de Paramaribo (Suriname), entre les zones contrôlées par les Espagnols et les Portugais. Ensuite, entre 1630 et 1654, la Compagnie des Indes occidentales tente de conquérir le Brésil et parvient à remplacer la capitainerie portugaise de Pernambouc par la colonie de la Nouvelle Hollande, y fondant Recife. Cette ville, bâtie par de grands architectes, héberge la première grande communauté juive d’Amérique latine. Mais les insurrections locales renversent le pouvoir hollandais et obligent les envahisseurs et les Juifs à quitter le territoire.

En Amérique du Nord, à l’époque de la découverte du Nouveau Monde, les puissances de l’Europe nord-occidentale se lancent dans des explorations à la recherche d’un passage septentrional entre l’Atlantique et le Pacifique : ce que les Italiens Jean Cabot et Jean de Verrazane ont tenté de réalisé respectivement pour les Anglais et pour les Français. En 1609, la WIC finance l’expédition de l’anglais Henry Hudson pour explorer la rivière du même nom et les côtes des futurs États de New York et du New Jersey. En 1626, 30 familles néerlandaises colonisent l’île de Manhattan, les Pays-Bas créent alors formellement la Nouvelle-Hollande, en y incluant un fort suédois dans le Delaware, puis fondent la colonie de la Nouvelle-Amsterdam (Cf. la carte en cliquant ici). En 1664, cette dernière est conquise par les Anglais menés par le duc d’York qui la rebaptise « New York » et en chasse les Hollandais.

Les Anglais

Beaucoup de colonies européennes naissent de l’installation de groupes de protestants persécutés dans leur patrie (Calvinistes hollandais, Huguenots français, Puritains anglais). Dans le même temps, les expéditions sont souvent financées par des compagnies privées nationales, censées conquérir des territoires au nom de leur gouvernement.

La première colonie anglaise en Amérique est celle de Saint-Jean de Terre-Neuve, fondée en 1583 au Canada. Deux ans plus tard, sir Walter Raleigh, favori de la reine Élisabeth Ire, découvre la Virginie (appelée ainsi en l’honneur de la « reine vierge ») et fonde avec 150 personnes la colonie de Roanoke, dans une île de la Caroline du Nord. Mais les nouveaux arrivants sont massacrés par les autochtones.

En 1607, revenus en Virginie, les Anglais fondent la colonie de Jamestown (en l’honneur du roi Jacques), gouvernée par John Smith, qui sera épargné par les indigènes grâce à l’intervention de la fille de leur chef, Pocahontas.

En 1620, une autre importante colonie est fondée dans le Massachussetts par 102 personnes appartenant à la congrégation des Pères pèlerins, des protestants puritains arrivés à bord du Mayflower. Ce nouvel établissement servira de point de chute pour les milliers d’Anglais qui viendront peupler la côte est de l’Amérique du Nord.

Au XVIIIe siècle, les colonies anglaises sont a nombre de 13 et peuvent être regroupées dans trois sous-ensembles : a) la Nouvelle-Angleterre (New Hampshire, Connecticut, Rhode Island et Massachussetts), très puritaine ; b) les colonies médianes, anciennement hollandaises (New York, New Jersey, Delaware et Pennsylvanie) ; c) les colonies du Sud (Maryland, Virginie, Caroline du Nord, Caroline du Sud et Géorgie).

Les Français

Dans une lettre de 1534, le roi François Ier donne pour mission à l’explorateur Jacques Cartier (1491-1557) de « voyager, découvrir et conquérir, ainsi que trouver, par le nord, le passage au Cathay ; (il doit aller) du royaume vers Terre-Neuve pour découvrir certaines îles et pays où l’on dit qu’il doit se trouver grande quantité d’or et d’autres riches choses ». Cartier visite à plusieurs reprises les terres autour de la rivière Saint-Laurent, rencontrant les Iroquois et se rendant dans le « royaume de Kanata » (qui donnera Canada). Cependant, ses tentatives pour y établir une colonie échouent.

C’est Samuel de Champlain (1567-1635) qui parvient en 1608 à fonder les colonies de Québec et de Montréal (1611). Mais les Français ne partent pas en masse vers la « Nouvelle France » : ainsi, de 1608 à 1763, année de la conquête britannique du Canada français, les colons ne sont que 69 000.

En 1682, R. R. Cavelier de Lassalle (1643-1687) explore le Mississipi et, en l’honneur de Louis XIV, donne le nom de Louisiane à toute la région des Grands Lacs jusqu’au Golfe du Mexique. Ce territoire est ensuite exploité par la Compagnie des Indes occidentales françaises. En 1718 les colons fondent la Nouvelle Orléans, et en 1735 la colonie compte 2 500 Français et 4 800 esclaves noirs.

En 1763, suite à la guerre européenne dite des « sept ans » et perdue par la France, le Québec passe sous domination anglaise et la Louisiane sous domination espagnole. Napoléon récupère la Louisiane en 1800 (traité de San Ildefonso), avant de la vendre aux États-Unis en 1803.

Ne subsiste de la présence française en Amérique que le Québec francophone, quelque 600 000 Cadiens (ou Cajuns) descendants des Français de Louisiane, ainsi que des déportés acadiens qui vivaient en Nouvelle-Écosse.

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