Murs et frontières dans le monde
Les « murs » sont des constructions qui servent à délimiter, à protéger et à enfermer. Qu’il s’agisse des murs d’une maison, d’un château ou qu’ils encerclent un territoire, ils représentent une barrière solide entre un « dedans » et un « dehors ». Selon que leur but est d’empêcher l’entrée ou la sortie de l’espace qu’ils délimitent, ils peuvent être vus respectivement comme une « protection » ou une « prison ».
Les murs sont la forme la plus extrême de la frontière, car ils désignent pour un groupe déterminé la présence réelle ou supposée autour de lui d’un danger d’ingérence ou de trouble de l’ordre public. Autrefois, les peuples et les États les construisaient contre les attaques de leurs voisins, considérés comme des ennemis susceptibles de les envahir pour des raisons économiques, ethniques, politiques ou religieuses.
Au XXe siècle, deux nouveautés émergent dans le panorama des « murs » érigés entre des territoires déterminés pour se protéger.
D’abord, le « mur idéologique » fait son apparition. À l’époque de la guerre froide, le « rideau de fer » était censé marquer la distance et l’incompatibilité entre deux idéologies et deux modes de vie considérés comme inconciliables. Jusqu’à sa chute, en 1989, le mur de Berlin représentait une division drastique entre deux modèles politiques, deux conceptions opposées de la vie sociale. Toute « fuite » d’un côté vers l’autre pouvait être source de conflits internes au sein des États, et menacer les équilibres politiques atteints à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Ensuite, le « mur migratoire » voit le jour, allant parfois de pair avec la désagrégation des murs idéologiques. Il est créé non pas pour se prémunir contre des attaques militaires, ni pour éviter des contacts avec des idées néfastes, mais pour empêcher l’immigration de travail.
Les murs-frontières dans le monde
Les journaux et certains atlas font état de plus de 70 murs-frontières dans le monde, une bonne partie étant comptabilisée comme des « murs d’immigration ». Leur construction s’est accrue sensiblement durant les années 1990 et 2000, en lien avec la création de l’Espace Schengen et les attentats du 11 septembre 2001 à New York. Le mur est désormais devenu une sorte de « mode », qui inspire les gouvernements d’un nombre croissant de pays d’accueil. Qu’il s’agisse de murs en béton, de grillages, de barbelés, etc., ils nécessitent d’importantes ressources économiques et sont de plus en plus sophistiqués (barrières virtuelles, drones, etc.). Selon les auteurs qui ont travaillé sur ces questions, en 2017 ces murs s’étiraient sur une longueur estimée entre 31 000 et 41 000 km. Pour notre part, nous en avons recensés 49 (sans doute avec quelques oublis au vu des chiffres fournis par les médias), répartis de la façon suivante (le pays avant le « / » étant celui qui en est à l’initiative) : 27 en Asie (Arabie Saoudite / Irak ; Arabie Saoudite / Yémen ; Arabie Saoudite / Qatar ; Arabie Saoudite / Émirats arabes unis ; Arabie Saoudite / Oman ; Émirats arabes unis / Oman ; Koweït / Irak ; Oman / Yémen ; Israël / Égypte ; Israël / Bande de Gaza ; Israël / Liban ; Israël / Syrie ; Israël / Cisjordanie ; Turquie / Syrie ; Iran / Irak ; Iran / Pakistan ; Iran / Afghanistan ; Inde / Pakistan ; Inde / Bangladesh ; Inde / Birmanie ; Birmanie / Bangladesh ; Ouzbékistan / Kirghizstan ; Ouzbékistan / Kazakhstan ; Thaïlande / Malaisie ; Brunei / Malaisie = Limbang ; Chine / Corée du Nord ; Corée du Nord / Corée du Sud), 11 en Europe (Bulgarie / Turquie ; Grèce / Turquie ; Hongrie / Serbie et Croatie ; Slovénie / Croatie ; Macédoine / Grèce ; France / Royaume-Uni = Calais ; Irlande = Belfast ; Chypre = Ligne Verte ; Espagne / Maroc = Ceuta et Melilla ; Estonie / Russie ; Ukraine / Russie), 7 en Afrique (Maroc / Sahara = Mur des sables ; Botswana / Zimbabwe ; Afrique du Sud / Zimbabwe ; Afrique du Sud / Mozambique ; Zimbabwe / Zambie ; Kenya / Somalie ; Tunisie / Libye), 4 dans les Amériques (USA / Mexique ; USA / Cuba = Guantanamo ; Brésil / Bolivie ; Brésil / Paraguay). Cela montre que certains pays ou aires géographiques craignent leurs voisins plus que d’autres : l’Arabie Saoudite, Israël, l’Iran, l’UE, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil et les USA.
On estime qu’entre 2015 et 2016, plus de 10 000 personnes sont mortes en essayant de franchir ces murs-frontières.
En plus des murs dressés au long des frontières nationales, d’autres sont parfois érigés dans les quartiers de certaines villes pour séparer les populations « tranquilles » des populations considérées par une certaine opinion publique comme « turbulentes », en raison de la présence massive d’ethnies d’origine immigrée.