Statistiques sur l’immigration en France

L'Institut national de la statistique et des études économiques - © Migral

L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) constitue la source statistique officielle concernant l’immigration en France. Dans ses recensements, il tient compte, en plus des autochtones, de deux catégories d’individus : les immigrés et les étrangers. Un immigré est une personne née à l’étranger, tandis qu’un étranger est une personne de nationalité (= passeport) étrangère. De cette distinction, qui élimine a priori tout ressortissant étranger en situation irrégulière, découlent au moins quatre cas de figure : a) les étrangers nés hors de France ; b) les Français nés à l’étranger ; c) les étrangers nés en France ; d) les immigrés naturalisés. Il convient de noter que dans tous les recensements, le nombre des immigrés est supérieur (d’au moins 40%) à celui des étrangers.

Au 1er janvier 2014, la France comptait 65,8 millions d’habitants, dont 6,56 millions (9,8%) étaient d’origine étrangère. Parmi eux, 5,96 millions étaient des étrangers nés à l’étranger et 0,6 million étaient nés en France, mais sans posséder la nationalité française. Les étrangers, quant à eux, étaient au nombre de 4,2 millions, tandis que les descendants d’immigrés (= individus ayant un parent d’origine immigrée et étrangère) étaient évalués à 6,8 millions.

Pour faciliter notre exposé statistique, nous nous référerons ici aux seuls immigrés définis par l’INSEE.

Y a-t-il trop d’immigrés en France ?

En 2013 (dernières données disponibles de l’INSEE sur les variations démographiques), dans l’Hexagone le solde migratoire était d’à peine 33 000 habitants. S’il a augmenté avec la venue de 173 000 personnes, dont 13 000 de nationalité française, parallèlement 140 000 individus ont émigré.

Depuis 2006, le nombre d’immigrés est globalement en baisse, ce qui contraste fortement avec la perception qu’en a l’opinion publique. Cependant, les chiffres fournis par les statistiques peuvent être aisément manipulés tant par les tenants de la théorie de l’« invasion » que par ceux qui minimisent la part des immigrés dans la population totale. Tout dépend des paramètres que l’on prend en compte. Si l’on veut obtenir un taux d’immigration élevé, il suffit d’additionner les immigrés, les étrangers et leurs descendants, pour obtenir comme résultat plus de 13,4 millions de personnes (6,56 + 6,8), à savoir 20,3% des habitants de la France. En revanche, si l’on souhaite diminuer drastiquement ce pourcentage, il faut ne comptabiliser que les immigrés qui ne sont pas français, à savoir 3,6 millions d’individus (4,2 – 0,6), soit 5,4% du total de la population de l’Hexagone.

Nationalités principales des immigrés

Parmi les immigrés, les ressortissants du continent africain sont les plus nombreux (2,6 millions, 44%), les Maghrébins représentant une part importante (1,76 million, 30%). Suivent les citoyens de l’UE (1,87 million, 31%), les Asiatiques (862 770, 14%, dont environ 250 000 TurcsQK), les personnes originaires des Amériques (328 300, 6%), les Européens extracommunautaires (285 690, 5%) et les Océaniens (7 200, 0,12%). Les principaux pays de provenance reflètent les raisons historiques et géographiques à l’origine de l’immigration : anciennes colonies (presque 2,6 millions d’immigrés), pays frontaliers (environ 1,7 million de ressortissants), pays avec lesquels la France avait signé des accords de main-d’œuvre (360 000 personnes) et d’autres pays pour qui la France représente un pôle d’attraction pour diverses raisons (linguistiques, asile, économiques, etc. ; 1,43 million).

En 2014, les dix premières nationalités étrangères recensées dans l’Hexagone étaient, par ordre décroissant : les Algériens (774 266), les Marocains (722 627), les Portugais (615 573), les Italiens (286 709), les Tunisiens (265 760), les Turcs (249 619), les Espagnols (247 019), les Anglais (149 170), les Allemands (119 095) et les Belges (115 130). Parmi les ressortissants de l’Afrique subsaharienne, les plus nombreux étaient les Sénégalais (92 284), les Ivoiriens (78 779), les Camerounais (76 607), les Congolais de la RDC (74 755), les Maliens (68 899), les Congolais (61 934) et les Malgaches (61 203). Parmi les immigrés venant d’Asie, outre les Turcs, les plus nombreux étaient les Chinois (101 706), les ressortissants de la péninsule indochinoise (Vietnam : 75 422 ; Cambodge : 50 770), les Sri Lankais (46 653), les Indiens (36 730) et les Libanais (35 793). Parmi les personnes originaires des Amériques, les Haïtiens étaient en revanche les plus représentés (77 957), suivis par les Brésiliens (57 127), les Étasuniens (37 370) et les Colombiens (25 886). Enfin, en tête du classement des Européens de l’Est se trouvaient les Roumains (102 988), les Polonais (92 292), les Serbes (75 386) et les Russes (63 694).

En règle générale, les femmes immigrées sont plus nombreuses que leurs homologues masculins (51,3%). C’est notamment le cas parmi les Européens (sauf les Portugais), les Africains du Golfe de Guinée et du Canal du Mozambique, ainsi que les ressortissants d’Extrême-Orient (71,5% chez les Japonais) et des Amériques.

Localisation spatiale

Les immigrés se concentrent notamment dans les départements proches des frontières nationales et dans les régions où se situent les principales métropoles françaises : Paris, Lyon, Marseille. La liste des dix départements où vivent le plus d’immigrés inclut tous ceux de l’Île-de-France (plus de 450 000 pour la Seine-Saint-Denis et Paris, entre 280 000 et 180 000 pour les autres), le Rhône (6ème place avec 214 882 immigrés) et les Bouches-du-Rhône (7ème place, avec 210 373 immigrés). Les départements du Nord (59), des Alpes-Maritimes (06), de la Haute-Garonne (31), du Bas-Rhin (67), de l’Isère (38), de la Moselle (57), de l’Hérault (34) et de la Gironde (33) comptent chacun plus de 100 000 immigrés. L’ensemble des départements susmentionnés totalisent 63% de la population étrangère née à l’étranger, tandis que les taux d’immigration les plus élevés sont enregistrés en Seine-Saint-Denis (21%), à Paris (15%) et dans le Val-de-Marne (15%).

A contrario, la présence immigrée est faible dans le Cantal (15), la Lozère (48), la Creuse (23), la Haute-Marne (52), la Haute-Loire (43), les Hautes-Alpes (05), la Meuse (55), l’Indre (36) et la Mayenne (53).

C’est en région parisienne que l’on trouve les groupes d’immigrés les plus nombreux, et ce pour quasiment toutes les nationalités présentes dans l’Hexagone. Outre l’Île-de-France, les Maghrébins sont particulièrement présents dans le Nord, dans le Lyonnais et dans les régions méditerranéennes ; les Portugais sont nombreux dans le Sud-Ouest et dans le Centre ; les Turcs sont notamment concentrés en Alsace et en Lorraine.

[%FDC|EtrangersDepartements|Localisation spatiale et taux d’immigrés en France]

Immigration irrégulière

Il n’est pas possible de quantifier de manière fiable le nombre d’immigrés irréguliers qui, par définition, échappent aux recensements. En revanche, si nous prenons en compte les bénéficiaires de l’Aide médicale d’État (AME), dispositif permettant à cette catégorie de personnes d’avoir accès aux soins, soit 300 000 individus en 2015, cela nous donne un ordre de grandeur minimal du nombre de « sans-papiers ». Chaque année, le gouvernement, quelle que soit sa couleur politique, régularise en moyenne quelque 30 000 immigrés, tandis qu’en matière d’expulsions, le ministère de l’Intérieur a cité le chiffre de 24 707 en 2016, dont 12 961 étaient des retours forcés vers des pays extracommunautaires.

Réfugiés et demandeurs d’asile

Les données sur les demandeurs d’asile et les réfugiés de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), du ministère de l’Intérieur et du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ne coïncident pas, ce qui s’explique par le fait que chaque structure a des dates de publication et des définitions différentes. Si en 2015 les Nations unies faisaient état de plus de 304 000 personnes reconnues réfugiées en France, pour la même année l’OFPRA déclarait en avoir pris en charge 206 172. Il s’agit là d’un stock de réfugiés ou de bénéficiaires d’autres protections, auquel en 2016 sont venus s’ajouter 36 233 nouveaux individus.

Le nombre de décisions rendues en une année par l'OFPRA et la CNDA sur des dossiers en instance est en général équivalent au nombre de nouvelles demandes déposées. En 2016, celles-ci ont été entre 85 244 (chiffre OFPRA) et 85 726 (chiffre du ministère de l’Intérieur), dont 7 355 dans le cadre de réexamens.

En 2016, les demandeurs d’asile les plus nombreux venaient du Soudan (5 897), d’Afghanistan (5 646), d’Haïti (4 927), d’Albanie (4 601), de Syrie (3 615), de la RDC (2 551), de Guinée (2 336), du Bangladesh (2 276), d’Algérie (1 972) et de Chine (1 854). Parmi eux, un millier ont demandé la protection de la France depuis la zone d’attente des aéroports (Roissy, Orly ; surtout des Syriens, des Centrafricains, des Philippins et des Nigérians) et des ports (Marseille, Sète), tandis que un peu plus d’un millier l’ont fait depuis des centres de rétention. Les demandeurs d’asile étaient majoritairement des hommes (58%) tandis que 273 étaient des mineurs non accompagnés. Le taux de reconnaissance global du droit d’asile se situe aux alentours de 28% des demandes traitées. Seuls les Syriens (94,8%), les Irakiens (67,4%), les Afghans (64,9%) et les Iraniens (56%) ont un taux supérieur à 50%, les demandes les plus rejetées émanant des Macédoniens, des Kosovars, des Haïtiens et des Bangladais.

Afin d’héberger une partie de ces personnes, la France a créé près de 230 centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA, gérés notamment par Adoma, Coallia, Forum Réfugiés et France Terre d’Asile), ainsi que des centres d’hébergement d’urgence. En 2015, les premiers disposaient de 29 000 places et les seconds de 26 000.

D’après le HCR, en 2016, 304 507 réfugiés résidaient en France, surtout des Sri-Lankais (24 326), des Russes (15 232), des Congolais de la RDC (15 037), des Kosovars (13 154), des Cambodgiens (11 566), des Turcs (10 615), des Syriens (8 991), des Vietnamiens (8 008), des Afghans (7 685) et des Soudanais (7 049).

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