L'homme a toujours migré, mais pas toujours à la même manière - © Migral

L’histoire des migrations

Les migrations ayant de tout temps accompagné la vie de l’Homme sur la terre, les pages de ce chapitre ne pourront être qu’une sélection d’événements parmi les nombreux qui ont jalonné l’histoire de l’humanité.

Au fil des siècles la mobilité humaine a pris différentes formes : nomadisme, colonisation, diaspora, invasion, exode, expatriation, déportation, traite des êtres humains, exil, tourisme, itinérance, etc. Chaque époque a vu une forme prendre le pas sur les autres, sans que celles-ci toutefois ne cessent d’exister. Ainsi, par exemple, les livres d’histoire font commencer la colonisation européenne à partir de la découverte des Amériques (1492), alors qu’en réalité le phénomène de la colonisation est né à l’aube de l’humanité.

Si nous pouvions étudier la trajectoire de tous les peuples, nous observerions leurs multiples déplacements, leurs dispersions, leurs interactions avec d’autres groupes, etc. Malheureusement, tous les événements qui ont jalonné l’histoire des populations n’ont pas été suffisamment documentés, et les témoignages sont très inégaux selon les peuples.

Afin de dresser un schéma le plus complet possible de l’histoire des migrations, nous avons essayé de regrouper chaque période historique selon les typologies de la migration les plus caractéristiques de chacune, en étant bien conscient des superpositions chronologiques que ce choix entraîne et son caractère artificiel.

  1. Nomadisme : la préhistoire voit les hommes en perpétuel déplacement en quête de meilleurs terrains de chasse et de nourriture. C’est d’ailleurs ce qui caractérise cette époque qui s’étend jusqu’aux découvertes de l’agriculture et de l’écriture. Mais même après l’avènement des premières civilisations sédentarisées, les nomades continueront d’exister, et ce jusqu’à aujourd’hui.
  2. Invasion : les premiers villages et villes de l’Antiquité vont se transformer en États plus étendus, formant des républiques, des royaumes et des empires. Les civilisations qui connaissent le progrès, accumulant richesses et ressources, attisent les convoitises des peuples encore nomades et poussent ces derniers à envahir leurs territoires en période de crise ou de danger. L’Antiquité et le Moyen Âge voient se succéder un certain nombre de grands empires multiethniques, l’élite des conquérants soumettant les autres ethnies et cherchant à les fusionner afin d’en favoriser l’unité. Tous les empires succomberont aux invasions de peuples aguerris luttant pour leur survie.
  3. Diaspora : dans certaines régions, des peuples entiers sont chassés de la terre qu’ils considèrent comme leur berceau. Parfois cet événement les efface définitivement des livres d’histoire, parfois, plus rarement, ils parviennent à conserver leur identité ethnique et culturelle malgré les métissages. C’est le cas en particulier des Juifs et, d’une certaine façon, des Gitans. Ces deux diaporas, qui ne sont pas les seules que l’histoire ait connu, se retrouvent respectivement au cours du Ier et du IXe siècle.
  4. Colonisation : bien que « coloniser » soit parfois synonyme d’« envahir » ou d’avoir une politique impérialiste, dans l’esprit des colonisateurs de l’ère moderne il s’agissait au début de se lancer dans la quête de nouvelles terres et de nouveaux marchés via des trajets permettant d’éviter de franchir des frontières dangereuses. Si plusieurs peuples ont été des colonisateurs, ce sont surtout les pays européens qui les premiers ont entamé la plus vaste colonisation de la planète, en commençant par les Amériques (XVe siècle) et en terminant par l’Afrique (XIXe siècle).
  5. Traite des êtres humains : si l’esclavage est une pratique commune chez les peuples anciens, la « traite » ou « commerce triangulaire » commence avec la découverte du Nouveau Monde et concerne surtout les Noirs, achetés ou enlevés en Afrique afin de travailler comme esclaves à la place des indigènes amérindiens des Antilles. Ce recrutement forcé conduit des millions d’Africains, considérés comme des êtres humains inférieurs, à peupler les Amériques, du Brésil aux États-Unis. Cette forme d’esclavage prend officiellement fin dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
  6. Importation de main-d’oeuvre : à partir notamment du XIXe siècle, l’essor de l’industrie, l’affirmation du capitalisme et l’abolition de l’esclavage sont à l’origine d’une migration de travailleurs bon marché, recrutés souvent par des agences spécialisées avec l’appui, plus ou moins direct, des pays concernés. Un marché mondial du travail de plus en sophistiqué se met ainsi en place tout au long de l’ère contemporaine.
  7. Demandeurs d’asile et réfugiés : l’asile est lui aussi une pratique ancienne, mais l’époque contemporaine voit surgir des conflits et des guerres de grande ampleur financés et soutenus par les industries de l’armement. La guerre froide, les républiques bananières et les dictatures totalitaires poussent ceux qui le peuvent à chercher refuge dans des pays plus sûrs, loin des persécutions. La Convention de Genève de 1951 reconnaît aux personnes fuyant des conditions de grave danger le statut de « réfugié », un droit aujourd’hui de plus en plus remis en question par les politiques restrictives de la plupart des pays d’immigration.
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