Esclaves noirs dans les plantations de coton aux USA - © Wisconsin Public Radio

L’esclavage et la traite des êtres humains

L’esclavage est une pratique très ancienne, subie par les personnes capturées au cours de guerres, de razzias, enlevées ou contraintes de se vendre pour racheter leur dette. L’esclave, une fois privé de tous ses droits et de toute protection, est totalement au service de son patron. D’un point de vue économique, il représente une force de travail à moindre coût.

Au cours de l’histoire, les esclaves ont toujours été considérés comme des êtres sans droits, mais l’esclavage moderne en fait également des “êtres inférieurs”, des humanoïdes ayant vocation à exécuter des ordres.

“Servant” et “esclave”

L’étymologie du mot “esclave” constitue un bon indicateur du tournant historique intervenu au Moyen-Âge, où l’on associait ce terme à une ou plusieurs ethnies spécifiques, au lieu de l’appliquer à n’importe quel homme tombé en disgrâce. Si en grec et en latin classiques les concepts de « servant » et d’« esclave » n’étaient désignés que par un seul et même terme, à partir du XIe siècle apparaît en Europe et ailleurs une marchandise humaine appelée « sclavus », à savoir slave, originaire de l’Esclavonie, une région située entre la Hongrie et la Serbie. À cette époque, ces gens, capturés en Russie, en Ukraine, en Europe centrale et au Caucase sont vendus sur nombre de marchés européens ; et ceux qui proviennent de l’Esclavonie sont particulièrement prisés.

Avant la découverte des Amériques qui voit le déplacement de la suprématie commerciale de la Méditerranée au profit de l’Atlantique, Venise et les autres puissances maritimes importent des esclaves de l’Orient arabe ou turc ainsi que du Maroc. Il s’agit, pour la plupart, soit de slaves (esclavons), soit de Noirs, échangés par les caravanes transsahariennes avec d’autres marchandises, notamment à Tombouctou et à Kano.

De l’esclavage à l’importation de main-d’œuvre étrangère

Après leur arrivée dans le Nouveau Monde, les Européens, après une brève parenthèse de quête de l’or, s’attellent à l’exploitation des terres (plantations de canne à sucre, de café, de tabac, de cacao et de coton). En dépit de tentatives pour exploiter la main-d’œuvre indigène, les colons ne parviennent pas à réduire durablement les Amérindiens en esclavage, comme le montrent les débats et les querelles chez les Espagnols au XVIe siècle au sujet des populations des territoires à peine conquis.

La meilleure alternative réside donc dans l’importation d’esclaves noirs, d’abord aux Antilles puis dans un périmètre encore plus large allant de la Louisiane à la Colombie. En quelques années, le système colonial esclavagiste conduit à associer spontanément le terme « Nègre » à « esclave » et le terme « Blanc » à « patron ».

Quand, au début du XIXe siècle, la traite (c’est-à-dire le « commerce ») des esclaves est interdite (en 1807 pour la Grande-Bretagne, en 1815 pour la France, etc.), l’esclavage n’est de fait pas aboli, et il perdure dans certains cas jusqu’à la fin du siècle. La conclusion de cette partie sombre de l’histoire ne coïncide pas uniquement avec un changement de sensibilité dans le monde occidental, ni avec les mouvements et les luttes pour la libération des esclaves ; elle correspond aussi à de nouvelles perspectives économiques qui voient dans une main-d’œuvre immigrée prête à l’emploi, flexible et peu rémunérée, une meilleure alternative à l’esclavage.

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