Les réfugiés
Le mot latin refugium, qui vient du verbe refugere qui signifie se tenir à l’écart ou loin d’un objet « incompatible » avec soi, indique un endroit où s’abritent des personnes qui fuient quelque chose qu’elles craignent au plus haut degré.
Comme nous l’avons vu, au cours de l’histoire, la notion de « refuge » ou d’« asile » est antérieure à celle de « réfugié ». Pour que cette dernière puisse être comprise au sens que nous lui donnons aujourd’hui, il a fallu attendre le XXe siècle et l’apparition de l’État-nation ainsi que les concepts d’apatridie, d’allégeance et de protection subsidiaire.
Malgré sa simplicité apparente, le terme « réfugié » est le fruit d’un cheminement de près d’un siècle. Il est né de l’intention d’offrir à des personnes persécutées une protection digne, qui ne dépende pas du libre arbitre des législations des États. Mais l’opposition entre le droit d’asile et le principe de souveraineté nationale a finalement débouché sur une soumission du premier vis-à-vis du deuxième, lorsque les personnes susceptibles d’obtenir l’asile sont devenues nombreuses et « gênantes ». C’est ainsi qu’aujourd’hui les réfugiés sont en général appelés dans un premier temps « demandeurs d’asile », comme s’ils devenaient des « réfugiés » uniquement après avoir été reconnus victimes de persécutions, se transformant, dans le cas contraire, en « migrants irréguliers ».
Dès les années 1950, la prise en charge des réfugiés est considérée par les gouvernements nationaux comme un « poids », que les États libres et démocratiques devraient se partager (burden sharing). Parmi les multiples politiques communes sur lesquelles l’Union européenne s’est construite, l’une des moins performantes est à l’évidence celle relative à l’accueil des réfugiés. Pour justifier sa position de fermeture des frontières à leur encontre, difficilement défendable sur le plan éthique, l’UE joue de plus en plus la carte de la confusion sémantique en catégorisant arbitrairement les exilés qui frappent à sa porte comme des « migrants économiques », des « personnes n’ayant pas droit à l’asile », des individus « n’ayant pas pris en compte la liste des pays sûrs », etc.
Les fiches à suivre du Migral essaieront de clarifier les concepts en les situant dans leur contexte historique.