Les migrations préhistoriques et la formation des ethnies
Les migrations sont à l’origine des différences culturelles et ethniques au sein de l’humanité. Nous pouvons tenter de suivre le parcours de l’homme préhistorique à travers l’étude de l’ADN humain, et notamment de l’ADN mitochondrial (d’origine maternelle) et du chromosome Y (d’origine paternelle). On suppose en effet que ces deux éléments constitutifs de l’ADN ont subi des mutations au cours de l’histoire. Ces marqueurs, qui représentent 0,01% du patrimoine génétique de notre espèce, différencieraient donc les groupes humains entre eux selon des typologies : africain, proche-oriental, euro-méditerranéen, européen, européen du Nord, asiatique et amérindien. Mais celles-ci ne vont pas systématiquement de pair avec les territoires du même nom. Ainsi, le type africain se retrouve également en Australie, le type européen a longtemps été présent autour du lac Baïkal, etc.
Il y a deux millions d’années, quittant l’Afrique, certains hommes auraient suivi la côte méridionale de l’Asie, empruntant ensuite trois directions différentes : vers le Nord-Est (Chine, Mongolie, Amériques via le détroit de Béring), vers le Nord-Ouest (Asie centrale, Caucase, Europe) et vers le Sud-Est (Indochine, Indonésie, Océanie).
Reconstituer la dispersion humaine sur la Terre à partir de l’ADN présuppose la « dérive des continents »QK, l’affirmation d’une base génétique unique et un point de départ commun situé en Afrique, dans la zone des Grands Lacs.
Les peuples anciens
L’historien juif Flavius Josèphe (100 après J.-C.) distingue les familles humaines à partir des noms des trois enfants de Noé : Sem, Cham, Japhet (Bible, livre de la Genèse). Les Sémites comprendraient les Hébreux, les Phéniciens, les Araméens, les Acadiens, les Élamites et d’autres peuples jusqu’à l’Afghanistan ; les Chamites ou Hamites incluraient les Philistins, les Cananéens, les Égyptiens, les habitants du royaume de Saba (Yémen), les Éthiopiens et les tribus de l’Afrique du Nord ; les Japhétites, quant à eux, réuniraient les Hittites, les Grecs, les Chypriotes, les Thraces, les peuples du pourtour de la mer Noire ainsi que d’autres peuples caucasiens.
Les premières grandes civilisations se développent en Égypte (3000 av. J.-C.), en Mésopotamie (3000 av. J.-C.), dans la vallée de l’Inde (2500 av. J.-C.), en Crète (2000 av. J.-C.), dans les régions habitées par les Hittites (1900 av. J.-C.) et dans la vallée du Huang He ou fleuve Jaune (1800 av. J.-C.).
Moins peuplée qu’aujourd’hui, la Terre est pour ces hommes bien plus hostile : l’agriculture est rare, le nomadisme est la règle et la vie des groupes humains est affectée par les facteurs climatiques. Les déserts, les forêts, les inondations et les sécheresses sont autant d’éléments qui poussent les populations à se déplacer et, souvent, à occuper le territoire d’autres populations. L’Asie centrale, par exemple, particulièrement exposée aux changements climatiques extrêmes, est le théâtre d’une lutte perpétuelle entre nomades et sédentaires.