Un monde en mouvement - © Migral

Les migrations : fonds de cartes et statistiques

Dans la fiche [#38] nous avons déjà traité des principales sources de données concernant les migrations internationales, en invitant le lecteur à les utiliser avec précaution. Chaque instant, des millions de personnes se déplacent, mais il est impossible de savoir avec précision lesquelles le font avec l’intention de s’installer durablement dans un autre pays, se distinguant ainsi des simples « touristes ». Pour calculer plus aisément cette mobilité humaine il faut se référer aux stocks d’immigrés présents dans chaque pays, à condition que les autorités nationales compétentes recensent tous les habitants nés à l’étranger. Il est en revanche beaucoup moins à la portée des statisticiens d’établir en temps réel un ordre de grandeur des flux migratoires, car cela supposerait d’avoir recours à un dispositif capable d’enregistrer tous les franchissements des frontières nationales effectués par des étrangers, et de connaître leurs intentions quant à la durée de leur séjour. Seules les données relatives aux transferts de fonds des immigrés pourraient permettre d’estimer, avec une grande marge d’erreur, le nombre annuel et la provenance des nouveaux migrants, en supposant que plus la migration est récente et plus les sommes envoyées sont importantes.

Des migrations à considérer au niveau régional

La migration s’effectue la plupart du temps d’une région ou d’une zone bien précise à une autre, sans toucher l’ensemble des pays concernés. Or, les atlas sur les migrations (version papier ou électronique via le web) ne tiennent pas compte de cette caractéristique, se bornant le plus souvent à recenser les mouvements de population selon la nationalité. Les études approfondies réalisées par pays permettent en revanche de constater que les Mexicains migrent surtout depuis les États de Michoacan et de Jalisco, que les Chinois partent notamment des régions orientales du Zhejiang, du Fujian, du Hebei et de la Mandchourie, que les Indiens disséminés à travers le monde proviennent souvent du Kérala, etc. Le même raisonnement vaut pour les pays d’immigration, certaines villes, régions ou certains quartiers pouvant être plus concernés par l’afflux d’immigrés que d’autres. Si nous prenons par exemple le cas de la France, il est évident que la région parisienne possède un taux d’étrangers plus élevé que le Cantal.

Le contenu de cette section du Migral

Les remarques précédentes permettent de replacer la lecture de ce chapitre statistique du Migral dans une perspective plus conforme à la réalité. Aux observations citées ci-dessus il convient, par ailleurs, d’ajouter que certains atlas, conçus dans une optique moins descriptive et plus critique à l’égard des politiques migratoires mondiales, font également état du nombre de « victimes » de la migration (morts en mer, personnes torturées, trafics d’êtres humains, etc.), signalent les zones géographiques de passage sensibles (murs, points d’entrée, etc.) et tentent de faire apparaître les répercussions de certains choix gouvernementaux sur la libre circulation des personnes (zones de tri, camps, externalisation des procédures de demande d’asile et de séjour, etc.). De plus, les articles de presse et les enquêtes de terrain les plus récentes tracent chaque année les parcours des routes de la migration clandestine, ces derniers étant, de par leur nature, destinés à subir des modifications rapides, au fur et à mesure que les pays d’immigration tentent de les entraver.

Les statistiques sur la migration dessinent une carte du monde où apparaissent les lieux où se concentrent les immigrés et les zones de départ de ces derniers. Cette division ne correspond pas à la démarcation entre les pays les plus riches et les plus pauvres, mais elle reflète plutôt d’un côté les raisons ou les choix très diversifiés qui ont conduit à la migration – pour lesquels certains pays répondent mieux que d’autres à certaines exigences – et, de l’autre, les traditions migratoires de certains pays d’origine. Si la lecture permet de se rendre compte que la migration s’effectue pour beaucoup entre pays voisins, le décryptage de la localisation des flux migratoires serait plus efficace si l’on avait présent à l’esprit le fond de carte du passé colonial, des familles linguistiques, des activités économiques régionales, des accords de main-d’œuvre, des besoins du marché du travail, des conflits récents, des catastrophes naturelles, des crises financières, etc.

Dans cette section du Migral, nous jetterons d’abord un regard sur l’ensemble des migrations internationales en mettant en évidence les phénomènes macroscopiques. Ce faisant, la migration « spontanée » et la migration « forcée » seront confondues. Ensuite, nous nous intéresserons plus spécialement aux déplacements forcés, ainsi qu’aux lieux d’installation des camps de réfugiés. En passant d’un niveau mondial à un niveau national, nous examinerons l’immigration en France, pour terminer par un regard sur les Français de l’étranger, ce qui nous permet de ne pas oublier que l’Hexagone n’est pas uniquement un pays d’accueil.

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