Des réfugiés débarquent dans l'île grècque de Lesbos (septembre 2015) - © Bulent Kilic/AFP

Les migrations forcées

L’expression “migrations forcées” est traditionnellement employée pour désigner les mouvements migratoires des personnes qui craignent des persécutions ou qui fuient la guerre et les violences généralisées. Depuis quelques années, on inclut dans cette catégorie les personnes qui doivent abandonner leur lieu de résidence à la suite de catastrophes naturelles liées aux changements climatiques.

Autrement dit, les “migrants forcés” sont les réfugiés, les personnes déplacées et les “réfugiés environnementaux” ou “réfugiés climatiques”, trois catégories que nous examinerons à part, de façon plus détaillée. Les demandeurs d’asile, quant à eux, constituent un autre cas de figure, que nous présenterons séparément.

L’appellation “migrations forcées” peut faire l’objet de deux réserves majeures, dont il faut tenir compte quant on l’emploie.

La première réserve résulte du fait que cette expression sous-entend que les autres formes de migrations - pour raisons économiques, pour études ou pour d’autres raisons de convenance personnelle (regroupement familial, relations affectives, etc.) - sont des migrations toujours et parfaitement volontaires.

Or il paraît évident que - à l’exception du cas de l’apprenti sorcier - lorsqu’une personne migre parce qu’elle est menacée de persécution, par la violence ou par une catastrophe environnementale, sa volonté n’est en rien engagée en ce qui concerne les causes de son déplacement. Néanmoins, il serait fâcheux d’ignorer que, y compris dans les situations extrêmes, il y a toujours une part de choix dans la décision de partir. Par exemple, le militant politique persécuté peut préférer entrer dans la clandestinité et continuer de lutter sur place contre le régime qui l’opprime, plutôt que de partir.

Autrement important en la matière est le fait que la migration pour des raisons économiques peut résulter de fortes contraintes socioéconomiques. Par exemple, une personne qui choisit de partir pour travailler à l’étranger parce que dans son pays le chômage sévit et/ou que les salaires sont trop bas pour un temps de travail excessif prend sa décision sous une forte contrainte. De même, un jeune qui souhaite faire des études supérieures, mais dont le cursus n’est pas proposé par les universités de son pays, est contraint de partir s’il veut réaliser ses aspirations.

Par conséquent, établir une opposition tranchée entre migrations volontaires et migrations forcées serait fallacieux et révélerait un manque de rigueur conceptuelle. Nous examinerons dans la fiche “Réfugiés” ce que recouvre exactement cette catégorie de personnes.

La deuxième réserve que l’on peut émettre à l’égard de la catégorie “migrations forcées” provient du fait qu’elle regroupe deux types de migrations fort distinctes en termes géographiques et juridiques : des migrations internationales (réfugiés) et des migrations internes (personnes déplacées). Dans les fiches “Réfugiés” et “Personnes déplacées” nous examinerons les implications, fort importantes du point de vue juridique, de cette distinction.

Il est donc nécessaire quand on est conduit à employer la catégorie “migrations forcées” d’avoir présentes à l’esprit ses limites, de les expliciter et, quand cela est possible, de lui préférer des catégories plus précises.

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