Les leçons de l’histoire des migrations

Musée national américain de l'immigration à Ellis Island - © Liberty Ellis Foundation

L’expérience migratoire humaine montre au cours des siècles que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Petit bilan concis, non exhaustif, de phénomènes récurrents :

  • L’homme a toujours migré et continuera à le faire ;
  • Les personnes qui se lancent dans l’aventure migratoire sont toujours une très petite minorité par rapport à la population mondiale  ;
  • Les flux migratoires de masse sont toujours déclenchés par des facteurs majeurs (structurels ou ponctuels) liés aux décisions politiques, aux intérêts économiques, aux liens historiques entre les pays, à la proximité géographique, aux grands écarts de valeur entre les devises monétaires internationales, à l’existence de diasporas plus anciennes, au développement des moyens de communication, à l’apparition de marchés du travail ethniquement segmentés, aux guerres, aux persécutions, à l’insécurité généralisée, aux catastrophes naturelles, etc. ;
  • Chaque époque a eu ses pôles d’attraction migratoire : la Méditerranée, la Mésopotamie, le bassin de l’Inde, les Amériques, les côtes du Golfe de Guinée, etc. ;
    • Les régions du monde les plus développées sont celles qui ont connu le plus de mouvements migratoires et de brassages de populations,
      • Le co-développement, ou développement solidaire, n’est pas en soi un moyen pour tarir les flux migratoires : le développement économique d’un pays facilite les flux de migrants vers les pays développés, car l’aventure migratoire nécessite des ressources pour être entreprise ;
      • Les systèmes politiques qui “maîtrisent” le plus les flux de migrants “économiques” sont les dictatures, même si certains régimes dictatoriaux ont parfois promu l’émigration pour faire baisser les pressions sociales dues à l’exode rural. Parallèlement, ces systèmes engendrent inévitablement des flux de réfugiés ;
      • Les dispositifs d’aide au retour apparus au cours de l’histoire ont donné des résultats très modestes ;
      • L’« immigration choisie » n’est pas une invention récente ;
      • Les schémas de l’histoire migratoire contemporaine sont plutôt répétitifs :
        1. arrivée d’étrangers (hommes ou femmes) célibataires et de condition modeste par le biais d’agences d’immigration ou d’accords de main-d’œuvre ;
        2. acceptation par les immigrés d’emplois et de tâches refusés par les autochtones ;
        3. apparition de préjugés et de stéréotypes ;
        4. dans un premier temps, vision utopique d’une migration provisoire, tant de la part des migrants que des gouvernements ;
        5. fermeture des frontières, ce qui empêche la migration circulaire ;
        6. immigration qui devient permanente et regroupement familial ;
        7. émergence de la génération des enfants d’immigrés ;
        8. survenue des questions d’“intégration” et des mouvements xénophobes ;
        9. stigmatisation et création de boucs émissaires dans les périodes de crise économique ;
        10. oubli générationnel du passé migratoire ;
        11. intégration de nouveaux éléments ethniques et culturels dans la définition de l’“identité nationale” ;
        12. tendance à traiter l’immigration - qu’elle soit économique ou forcée - via des mesures d’“urgence”, sans vision ni projets à long terme et sans reconnaître les spécificités des phénomènes.
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