Les invasions “barbares”
Entre les IVe et Ve siècles, la vague des grandes invasions de peuples nomades, archers à cheval, fait suite, par une sorte d’effet domino, à l’arrivée de populations d’Extrême-Orient en Occident.
Au IIe siècle, les Xianbei, peuple mongol établi en Mandchourie, prennent le dessus sur leurs ennemis traditionnels, les Xiognu, turco-mongols, en les repoussant jusqu’au Kazakhstan actuel.
Ce mouvement, associé à l’impérialisme des Han (Chine), entraîne des déplacements massifs de populations indo-européennes installées jusque-là en Asie centrale : les Yue-chi ou Tokhares entreprennent la conquête de l’Afghanistan, poussant les Saka du Tadjikistan jusqu’à l’Indus ; parallèlement les Wu-Sun sont contraints de quitter le lac Balkhach et s’établissent sur les côtes septentrionales de la mer Caspienne et dans le Caucase, et connus sous le nom d’Alains puis d’Ossètes.
Ces populations sont redoutées pour leur agressivité due à des conditions de vie dures et à une culture démographique très sélective qui abandonne les enfants faibles et élimine les personnes âgées. Leurs chefs n’hésitent pas à adopter la stratégie de la terreur et du massacre.
Les Huns et les Germains
Durant l’existence de l’Empire romain les peuples germaniques occupent les terres situées autour de la mer Baltique et les forêts d’Allemagne. Au IIIe siècle, les Goths, population germanique, migrent de cette région vers la mer Caspienne, s’installant de part et d’autre du Don, rivière qui les subdivise entre Goths de l’Est (Ostrogoths) et Goths de l’Ouest (Wisigoths).
En 375, des Xiognu occidentaux, appelés Huns, guerriers redoutables, envahissent les côtes de la mer Caspienne et pourchassent les Alains et les Goths, qui n’ont pour seul choix que de se répandre dans l’Empire romain, bouleversant par là même les équilibres entre les autres peuples germaniques fédérés de l’empire.
Plusieurs peuples envahissent ainsi l’Empire romain d’Occident (l’Empire romain d’Orient étant de son côté confronté à des difficultés), en créant des royaumes plus ou moins stables dont dérivent les noms de nombre de « nations » actuelles : les Wisigoths (Espagne), les Suèves (Souabe, en Allemagne), les Burgondes (Bourgogne), les Francs (France), les Lombards (Italie-Lombardie), les Ostrogoths (Italie), les Alémans (Allemagne), les Vandales (Tunisie, Sardaigne), les Frisons (Frise, Pays-Bas), les Angles (Angleterre), les Saxons (Allemagne, Angleterre), les Jutes (Jutland, Danemark), etc (Cf. la carte en cliquant ici). Les Baltes et les Slaves, en revanche, restent entre la Baltique et le Dniepr.
Lorsque les envahisseurs sont plus nombreux que les autochtones, ils conservent leur culture, tandis que dans le cas contraire, ils adoptent la langue et la culture du pays conquis (Europe germanique et Europe latine).
Peu avant l’effondrement de l’Empire romain d’Occident (476), les Huns, sous l’impulsion de leur chef Attila, contrôlent un vaste territoire de la mer Baltique à la mer Caspienne en passant par l’Europe centrale. Ils soumettent les Slaves et les Magyars et installent leur quartier général en Hongrie. Attila est défait par les Romains en 451 et les Huns se replient en Ukraine. De là, la branche des Huns Blancs, partie vers l’Asie du Sud, s’attaque à l’Empire Gupta (240-530), un État s’étendant sur toute l’Inde du Nord et gouverné par la dynastie du même nom, et le renverse.
Bouleversements en Chine
Affaibli par des conflits intérieurs (luttes des « Trois Royaumes »), l’Empire Han s’effondre en 220 et, sous la pression des invasions, des guerres, des famines et des sécheresses, plus de deux millions de Han migrent vers le Sud-Ouest (Sichuan, Yunnan) et le Sud, jusqu’au Tonkin au Vietnam. Si le nord de la Chine est à la merci des pillages des « nomades barbares », le Sud, au-delà du Yang-Tsé-Kiang (fleuve Bleu) connaît une importante croissance démographique.
Après une longue période de division (Chine méridionale et Chine septentrionale), en 589 l’Empire chinois est réunifié sous la dynastie Sui (589-617) et connaît un âge d’or sous la dynastie Tang (618-907). Les Tang favorisent le bouddhisme et font de la ville de Xi’an une capitale cosmopolite, la plus peuplée au monde, où cohabitent différentes religions, dont le christianisme nestorien et l’islam.
Les Avares
Autour de l’an 500, dans la région du Kazakhstan, la domination des Proto-Turcs s’étend de plus en plus au détriment d’une population, les Avares, qui, établis autour de la Volga, tentent à plusieurs reprises d’envahir l’Europe, repoussés d’abord par l’empereur byzantin Justinien puis par Charlemagne (796). Les déplacements et incursions des Avares ont des répercussions sur de nombreux peuples (raids, pillages), ce qui engendrera par ailleurs les métissages à l’origine des Bulgares et des Hongrois.