Les grands empires de l’Antiquité et les premières luttes identitaires
Entre le IVe av. J.-C. et le Ve ap. J.-C. apparaissent les plus grands empires de l’Antiquité. Leur expansion ne pose pas uniquement des problèmes en termes de sécurité intérieure et extérieure (construction de murs aux frontières), mais elle fait aussi éclater des tensions culturelles et identitaires entre les peuples dominateurs et les nations assujetties.
L’Empire hellénistique
Avec son armée gréco-macédonienne, Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.) conquiert le puissant empire perse. À sa mort, ses successeurs, une douzaine de généraux appelés « les diadoques » se disputent la domination de l’Empire dans différents conflits, jusqu’à la bataille décisive d’Ipsos, qui voit la victoire de Séleucos, Ptolémée, Lysimaque et Cassandre sur Antigone. Le Proche-Orient devient ainsi une aire de culture hellénistique
, même si les cultures locales (araméenne, hébraïque, égyptienne et perse) résistent farouchement aux tentatives d’homogénéisation (cf. dans la Bible les livres de Daniel et des Maccabées).
L’Empire romain et le royaume des Parthes (247 av. J.-C. 224 ap. J.-C.) mettent fin à la domination des descendants des diadoques.
L’Empire Maurya
L’expédition d’Alexandre le Grand à travers l’Hindu Kush modifie les équilibres politiques à l’ouest et facilite l’émergence d’un pouvoir proprement indien. En 322 avant J.-C., Chandragupta Maurya s’empare du royaume de Maghada, qui devient le noyau de l’Empire Maurya et s’étend de l’Indus au Gange. L’Empire Maurya connaît son apogée avec le souverain Ashoka (IIIe siècle av. J.-C.), qui va élargir les frontières de l’Afghanistan au Pakistan et jusqu’à la plupart de la péninsule indienne. Après cette période de grandeur politique, en 185 avant J.-C. la dynastie Maurya est renversée et l’Inde est alors dévorée par des luttes intestines d’ordre militaire et religieux (bouddhistes contre hindouistes).
L’Empire Han
En Chine, entre 202 av. J.-C. et 220 ap. J.-C., l’Empire Han s’affirme, occupant un territoire situé entre le Huang He (fleuve Jaune), la rivière Wei et le Yang-Tsé-Kiang (fleuve Bleu). Ce vaste empire est entouré de populations dont la civilisation est moins développée : les éleveurs turco-mongols au Nord-Ouest, les chasseurs toungouses-mandchous au Nord-Est, les montagnards tibétains à l’Ouest, les montagnards nomades Yaos au Sud-Ouest, les navigateurs Yue au Centre-Sud, les Thaï et les Vietnamiens au Sud, installés entre la rivière Xi Yang et le Sông Hông (fleuve Rouge). Durant cette époque le confucianisme se répand et les échanges via la route de la Soie s’intensifient. L’Empire Han conquiert la plupart de la Chine actuelle (à l’exception du Tibet et de la Mandchourie), ainsi qu’une petite portion du Kazakhstan actuel et des provinces de la Corée du Nord. Sous la pression des peuples du Nord et des montagnes qui menacent de faire irruption en Chine, les Han tendent à se déplacer vers le Sud, soumettant les Thaïs et les Daï Viet sur leur passage.
L’Empire romain
Entre 27 av. J.-C. et 476 ap. J.-C., l’Empire romain succède à la République romaine et crée une unité politique qui englobe toute la Méditerranée, l’Occident européen et les Balkans et son influence s’étend même au-delà. À partir de 313 ap. J.-C., l’empereur Constantin permet l’expansion du christianisme (édit de Milan). Au sein de l’Empire romain, l’Orient grec et l’Occident latin sont en compétition culturelle constante, tandis qu’un système complexe de code de la nationalité est mis en place. Rome pratique des échanges commerciaux avec l’Empire Han à travers le royaume des Parthes, puis des Sassanides qui lui succède.
Beaucoup de conquêtes de l’Empire romain en Europe se font au détriment des Celtes, une famille de peuples dont les premières traces se trouvent entre le Rhin et le Danube. Entre le VIe et le IIe siècle av. J.-C. les Celtes occupent de larges régions de l’Europe (Espagne, France, Grande-Bretagne, Irlande, Suisse, Allemagne, Autriche, Hongrie, Balkans) ainsi que la Galatie en Asie Mineure.
Les Romains soumettent la plupart des Celtes, tandis qu’ils subissent les incursions des Scythes et des Sarmates depuis l’Ukraine actuelle. Mais les invasions fatales pour la partie occidentale de l’empire seront le fait des Germains au cours du Ve siècle.