Navires traversant l'océan Atlantique - © Tony Borie – Pieces of my life

Les colonisations européennes

Lorsqu’on traite de l’ère coloniale, le risque est grand de faire des amalgames entre époques différentes, types de colonisation hétérogènes et justifications apportées par les colonisateurs.

Coloniser consiste à reproduire ailleurs un double de sa patrie, même si cela n’a pas toujours été le cas pour toutes les actions coloniales : parfois l’objectif n’a pas consisté à peupler un nouveau monde, mais plutôt à le dominer pour en extraire ses richesses.

Au XVe siècle, nouvelle configuration politique et économique en Europe

Durant les XIIe, XIIIe et XIVe siècles, les puissances situées autour du pourtour méditerranéen, à savoir l’Espagne (avec ses différents royaumes), la France, les Républiques maritimes italiennes, l’Empire byzantin et l’Empire arabe, grâce à leur position géographique, commercent avec l’Orient et l’Afrique. Mais au XVe siècle, l’affaiblissement et la fin de la domination musulmane dans la péninsule ibérique laissent le champ libre, en particulier au Portugal, pour entreprendre des expéditions dans l’océan Atlantique. À partir du début du XVe siècle, les Portugais, qui faisaient déjà du commerce avec les pays de la mer du Nord et de la Baltique, commencent à naviguer plus au Sud, longeant les côtes africaines et élargissant vers l’Ouest leur zone d’exploration maritime. En 1434, Lisbonne a déjà son marché aux esclaves noirs et les navigateurs portugais souhaitent découvrir l’étendue de la domination musulmane en Afrique.

Parallèlement, la chute de l’Empire byzantin en 1453 et l’expansion en Orient du redoutable Empire ottoman rendent difficile le commerce entre Europe et Asie, d’où la nécessité pour les royaumes européens de contourner cet obstacle.

La « découverte » du Nouveau Monde

Les dernières années du XVe siècle voient la « découverte » des Amériques et de nouvelles routes vers les « Indes ». Les souverains d’Europe occidentale financent les expéditions de véritables aventuriers, qui parviennent à s’emparer d’immenses territoires et richesses.

Les Portugais et les Espagnols sont les premiers à se lancer à l’assaut des océans et à fonder de nouvelles colonies, bientôt rejoints par les Néerlandais, les Scandinaves, les Français et les Anglais. Par la suite, les Russes et les Américains participeront eux aussi à la « course aux colonies », imités en cela par les Allemands, les Belges et les Italiens.

Quatre siècles plus tard, tous les continents sont ainsi colonisés : d’abord l’Amérique, puis l’Asie, l’Océanie presque à la même époque, et enfin, l’Afrique. Et, grosso modo, la décolonisation s’effectue suivant le même ordre.

Chaque colonie créée n’a pas partout la même configuration. Il existe des colonies de peuplement et des colonies d’exploitation, des colonies de « réfugiés » et des colonies de « condamnés », des colonies séculières et des colonies religieuses ; certains systèmes de gouvernement laissent plus d’autonomie aux pays assujettis et d’autres moins, etc.

Les liens entre colonies et métropoles

Les puissances coloniales sont toutes conscientes des enjeux éthiques de leur politique impérialiste. En témoignent leurs tentatives, plus ou moins élaborées, de justification. Elles évoquent le faible peuplement des nouveaux territoires, leur mission civilisatrice dans des contrées sauvages, les caractéristiques présumées de chaque « race » humaine, qui montreraient des vocations différentes au commandement ou à l’obéissance selon les ethnies. Au milieu d’une page d’histoire assez sombre, des personnes cherchent vraiment à développer les cultures locales (Bartolomé de Las Casas, Pierre Claver, etc.). En Amérique et en Océanie naissent de nouvelles nations métisses à forte origine immigrée. En même temps, des liens historiques, culturels et linguistiques sont tissés entre les colonies et la métropole, liens qui détermineront des mouvements migratoires en sens inverse au moment de la décolonisation.

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