L’époque des aventuriers et les colonies ibéro-américaines

Bataille de la Noche triste du 30 juin 1520 entre les troupes d'Hernan Cortés et des Aztèques - © Latinamericanstudies.org

La découverte du Nouveau Monde et les perspectives économiques qu’elle entraîne, poussent beaucoup d’aventuriers vers les Antilles et l’Amérique du Sud, considérée plus intéressante que l’Amérique du Nord. Au cours du XVIe siècle, Espagnols et Portugais se partagent le monde, mais leurs rivaux européens ne restent pas inactifs.

La conquête des empires des Aztèques, des Mayas et des Incas

Les Espagnols Hernán Cortés (1485-1547) et Francisco Pizarro (1475-1541) sont les principaux conquistadores d’immenses empires qui vont du Mexique au Chili.

Après avoir contribué à la conquête de Cuba et après s’être disputé avec son beau-frère, gouverneur de l’île, en 1518, Cortés, en quête de l’or, se lance dans une expédition vers le Yucatan, avec 11 navires et 900 hommes, dont 200 esclaves noirs et amérindiens. Il fonde deux villages sur la côte et entend parler de la merveilleuse ville de Tenochtilan (Mexique). Sur son chemin, il fait prisonnière Malitzin, dite la Malinche, une indigène amoureuse de lui, qui lui sert d’interprète et l’introduit au contexte mexicain. Pour Cortés, qui découvre que les indigènes font des sacrifices humains, il faut évangéliser les Indiens. À la fin de 1519, lorsque le conquistador entre dans la capitale aztèque, les Espagnols, des Blancs à cheval, sont pris pour des divinités par les autochtones. L’empereur Montezuma se soumet aux Européens et accepte que la statue de la Vierge soit placée dans un temple. Mais il faudra attendre l’année 1521 pour que les Aztèques, qui ont finalement réalisé le danger que représentent les Espagnols, soient définitivement défaits.

En 1530, Francisco Pizarro reçoit de Charles Quint trois caravelles, 130 hommes et 37 chevaliers pour une expédition contre les Incas, profitant des luttes pour la succession au trône de Huayna Cápac entre ses fils Huascar et Atahualpa. Pizarro convoque ce dernier au nord du Pérou (Cajamarca) feignant un « entretien » et le fait prisonnier. Malgré une rançon de six tonnes d’or, le conquistador l’exécute et place sur le trône un empereur fantoche, le cadet des enfants de Huyana Cápac. En 1534, après différentes vicissitudes, Pizarro entre dans Cuzco et détrône l’empereur Manco Inca. L’année suivante, Diego de Almagro part à la conquête du Chili, où un autre conquistador, Pedro de Valdivia, fonde Santiago. Mais les conquérants espagnols subissent plusieurs revers dans les Andes suite aux attaques des Mapuches et ils commencent à se quereller. Pizarro est tué par de Almagro en 1541.

Les pirates aux Antilles

Cible de la convoitise de tous les aventuriers, la mer des Caraïbes devient le théâtre de luttes navales et terrestres entre Espagnols, Portugais, Français, Anglais, Hollandais et pirates de toutes origines. Ces derniers, appelés également flibustiers (navigateurs libres, mot venant peut-être du néerlandais), boucaniers (de « boucan », gril pour la viande en patois arawak) ou corsaires (souvent des fuyards exilés de France, des Pays-Bas et d’Angleterre), occupent Eleuthera au Bahamas et l’Île de la Tortue au nord d’Haïti. En 1665 la partie occidentale d’Hispaniola tombe entre les mains des boucaniers français, puis une rébellion des esclaves noirs est déclenchée en 1791, avant qu’Haïti ne devienne indépendante en 1804. Entre-temps, des colons anglais occupent les Bermudes.

Espagnols et Portugais en Amérique

À la fin du XVe siècle les deux royaumes ibériques règnent sans partage sur les océans Atlantique et Indien, les Portugais à l’Est et les Espagnols à l’Ouest. En 1494, les souverains des deux pays (Jean II du Portugal, Ferdinand II d’Aragon et Isabelle Ire de Castille) signent un traité à Tordesillas (près de Valladolid) par lequel ils se partagent les terres nouvellement découvertes ou à découvrir (la ligne de partage correspondrait au méridien 46°37’ ouest). En vertu de ce traité, en Amérique, le Portugal ne peut prétendre qu’à environ la moitié ouest du Brésil actuel. Le portugais Pedro Álvares Cabral (1467-1520) arrive en 1500 sur les côtes de ce qu’on appelle aujourd’hui le Brésil, dont le nom est tiré du bois de brésil dont les forêts peuplaient cette terre.

Les Européens, bien qu’ayant colonisé en premier l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud, sont relativement peu nombreux dans cette région (200 000 en 1600 et à peine un million en 1720). Il s’agit presque exclusivement d’hommes, ce qui explique le métissage.

Après l’occupation du Mexique et de la côte occidentale de l’Amérique du Sud, les Espagnols conquièrent le Paraguay non sans difficultés. Les Calchaquí, indigènes vivant entre le Paraguay et l’Argentine, se rebellent à maintes reprises contre les envahisseurs (notamment en 1630 et 1665). En 1585, Philippe III d’Espagne demande l’intervention des Jésuites pour évangéliser les Guaranis. Pour protéger la population locale, les religieux proposent d’acheter des encomiendas (concessions de territoires à des fins d’exploitation) au Paraguay et, une fois obtenues, ils créent un vaste réseau de 30 missions ou reducciones, qui devient un véritable État théocratique. Ce système est finalement détruit en 1767 en raison de la convoitise de l’Espagne et du Portugal, qui se partagent le territoire, malgré la révolte des Guaranis.

Les Espagnols organisent administrativement le territoire américain en vice-royautés : Nouvelle Espagne (Amérique centrale, Antilles et Philippines), Nouvelle Grenade (Colombie, Venezuela, Équateur), Pérou (Pérou et Chili) et Río de la Plata (Bolivie, Paraguay, Uruguay et Argentine).

Les Portugais, quant à eux, occupent la côte brésilienne à partir de 1532, de Belém jusqu’au Rio Grande do Sul, et établissent leur capitale à Salvador. Des explorateurs appelés bandeirantes pénètrent plus avant dans les territoires.

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