La migration dans la nature humaine

La fuite des premiers fidèles musulmans de la Mecque à Médine - © Migral

Les êtres humains sont “mobiles” et par nature la Terre n'a pas de “propriétaires”. “Migrer” signifie simplement passer d'un espace à un autre, parcourir une distance, souvent avec l'intention de demeurer assez longtemps dans l'endroit de destination en y emmenant l'essentiel pour y rester.

La migration, le “mouvement”, est source d'évolution. Toutes les civilisations et sociétés qui, au cours de l’histoire, se sont repliées sur elles-mêmes ont subi un déclin démographique et culturel.

La migration est à l'origine des différences culturelles et ethniques au sein du genre humain. Cela peut être prouvé même biologiquement grâce à l'étude de l'ADN mitochondrial et du chromosome Y (Cf. [#10]) : les hommes se sont déplacés pendant plus de deux millions d’années en allant coloniser des terres lointaines et en créant des groupes aux génomes légèrement différents et aux coutumes très diverses.

Un ou des voyages sont au fondement même de la plupart des religions :

  • Le voyage d'Abraham (XIXe siècle av. J.-C.) intervient lorsque le Dieu biblique lui ordonne de quitter Ur et le sud fertile de la Mésopotamie pour se lancer dans une aventure autour du désert afin d’atteindre Canaan (Cf. la fiche sur Abraham) et de commencer une nouvelle histoire ;
  • L'exode de Moïse et du peuple hébreu depuis l'Égypte (XIIIe siècle av. J.-C.) survient après la migration, des décennies plus tôt (Cf. [#135]), des enfants de Jacob fuyant la sécheresse en Palestine ;
  • La déportation du peuple juif à Babylone advient après la conquête de Jérusalem par l’armée de Nabuchodonosor (580 av. J.-C.) : les Juifs confrontent ici leur religion avec celle des envahisseurs et conçoivent le monothéisme en abandonnant la monolâtrieQK ;
  • Les treize années d’errance de Confucius (VI-Ve siècle av. J.-C.) font suite à son abandon du poste de ministre dans la principauté chinoise de Lu : années qui voient la structuration du confucianisme ;
  • Le départ du prince Siddhartha Gautama (le Buddha historique, VI-Ve siècle av. J.-C.) quitte son palais pour voir le monde et, en découvrant la souffrance et la douleur, trouve les voies pour les éviter et prêche sa doctrine ;
  • L'exil du prince Rama (Ier siècle) pendant quatorze ans au fin fond de la forêt de Dandaka (décrit dans un livre sacré des hindouistes, le Ramayana, “Voyage de Rama”) intervient après la perte de son royaume provoquée par Ravana, le chef des démons. Le prince parviendra à remporter la victoire sur Ravana et à récupérer sa fortune ;
  • La grande hégire (de l'arabe hijra = émigration) de Mahomet, en 622, voit le prophète et les premiers fidèles de la nouvelle religion quitter la Mecque pour fuir les persécutions et se réfugier dans l’oasis de Médine.

À ces récits religieux s’ajoutent nombre d’épopées mythiques : les histoires d’Ulysse, de Gilgamesh, le roman du Graal, etc. Beaucoup de philosophies et de religions essaient d’expliquer le devenir universel par des migrations ou des métaphores migratoires : l'éternelle migration des âmes selon la croyance en la métempsycose, l’exil et le retour de certains dieux pour expliquer les saisons, l’existence présumée d’une “inclinaison” universelle qui imprimerait le mouvement à toute particule, la théorie du Big-Bang et la fuite des astres d’un point de départ initial, etc.

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