La diaspora juive

Bas-relief de destruction romaine de Jérusalem - © Tel Aviv - Musée de la diaspora

D’après la Bible, le peuple hébreu est refoulé hors de son territoire à deux reprises.

La première diaspora

En 930 avant J.-C., l’ancien royaume de David et de Salomon a été partagé en deux royaumes, l’un septentrional et l’autre méridional, appelés respectivement Israël et Judée. Le royaume du Nord disparaît définitivement en 721 avant J.-C. suite à l’invasion des Assyriens ; celui du Sud subit le même sort en 588 avant J.-C., en raison de l’occupation babylonienne. Si dans le premier cas les Assyriens procèdent à un métissage ethnique, dans le deuxième les Babyloniens préfèrent exiler les Juifs hors de Palestine. C’est à ce moment qu’a lieu la première grande diaspora juive, même si la plupart des exilés pourront regagner leur territoire un demi-siècle plus tard.

La deuxième diaspora

En 66, sous l’Empire romain, la Galilée, la Samarie et la Judée, à savoir les trois provinces romaines où habitent les Juifs, se révoltent et se rangent derrière Simon Bar Giora et Jean de Giscala. La réaction romaine est décrite par Joseph Flavius dans son ouvrage « La guerre juive » (De bello judaico). Le futur empereur Titus (fils de Vespasien), aux commandes de la légion X Fretensis, bat les rebelles à Jotapata (en Galilée). En 70, Jérusalem et son temple sont rasés par les Romains. Parmi les anciens groupes religieux juifs, il ne reste que les Pharisiens.

En 132, une nouvelle rébellion éclate en Palestine, suite à l’interdiction de la circoncision promulguée par l’empereur Hadrien. L’émeute est conduite par Simon Bar Kokhba, mais celui-ci meurt en 135 lorsque les Romains prennent la forteresse dans laquelle il s’était replié avec ses partisans. Les Romains reconstruisent Jérusalem et lui donnent le nom de d’Ælia Capitolina et, afin de mettre un terme aux intentions belliqueuse des Juifs, ils leur interdisent d’y revenir.

Une partie de la diaspora juive se dirige alors vers l’Orient : Mésopotamie, Perse, Inde, Chine... La plupart des Juifs, en revanche, se dispersent au sein de l’Empire romain. En 212, l’empereur Caracalla leur octroie la nationalité romaine; mais Constantin la leur retire en 313.

Dans l’Europe chrétienne

Au Moyen-âge, si les Juifs sont tolérés dans le monde chrétien, ils ne peuvent exercer que le commerce et le prêt à intérêt. L’Église catholique interdisant celui-ci aux chrétiens, les Juifs deviennent prêteurs, sauf pour leurs coreligionnaires (interdit par leurs lois). La puissance économique tirée de cette activité par les Juifs fait bientôt l’objet de haine et de convoitises.

En 1215, le 4ème concile du Latran stipule que les Juifs doivent être reconnaissables pour éviter des mariages mixtes avec les chrétiens (chapitre 68).

Des groupes différents selon les pays d’immigration

La diaspora a contribué à créer des distinctions culturelles et cultuelles au sein de la famille juive. Celle-ci est constituée de différents groupes :

- les Ashkenazim ou Ashkénazes, qui font remonter leurs origines à des ancêtres établis dans toute l’Europe du Nord-Est au début du Moyen Àge, et qui tirent leur nom du fils de Japhet, Achkenaz, patriarche des Allemands selon la tradition. Établis initialement en France, en Angleterre et aux Pays-Bas, vers 1300, ils sont chassés de ces pays et migrent vers l’Est, sans pour autant échapper à des persécutions dans les nouveaux territoires : persécutions par les Cosaques (1648-1649), pogroms (émeutes antisémites violentes) en Russie et en Ukraine entre 1871 et 1921. Les Ashkénazes se conforment à un corpus liturgique dit « palestinien » et parlent souvent le yiddish, un mélange d’allemand, d’hébreu, de russe, de polonais, etc. À Venise, au XIVe siècle, les Juifs ashkénazes se concentrent dans un quartier où se trouvait une ancienne fonderie : d’où le mot vénitien « geto » (métal fondu) qui, prononcé à l’allemande, devient « ghetto ».

- les Sefaradim ou Séfarades, qui tirent leur nom de Sefarad, une localité biblique mystérieuse (Obadiah 1,20) que les Juifs ont toujours interprété comme étant l’Espagne, migrent très tôt vers la péninsule ibérique. Les communautés juives espagnole et portugaise sont culturellement très actives. Avec la Reconquista, les royaumes de la péninsule ibérique entreprennent la conversion forcée des juifs et des musulmans au christianisme ; ceux qui ne se soumettent pas doivent quitter l’Espagne en 1492QK et le Portugal en 1496. Les rescapés (150 000) se réfugient au Maroc, en Turquie, en Italie, en France et aux Pays-Bas. En Afrique du Nord les Séfarades conservent le ladino, une langue dérivée du castillan, tandis qu’ailleurs ils adoptent la langue locale. Plusieurs Juifs arrivés aux Pays-Bas suivent les routes de la colonisation hollandaise, et atteignent l’Amérique latine et l’Afrique du Sud. La liturgie séfarade est dite « babylonienne ».

- les Mizrahim (de mizrah = Est) ou Juifs d’Orient migrent au Proche-Orient (Liban, Syrie, Irak, Égypte, Caucase, Yémen) et vers le sous-continent indien. Après 1492, ils sont souvent rejoints par les Séfarades. Leurs langues sont très variées, mais leur alphabet est généralement hébreu.

Shoah et retour en Palestine

Après la Deuxième Guerre mondiale, en Europe les Juifs ne sont plus que 2,8 millions (contre 8,8 millions avant) ; beaucoup ont trouvé refuge aux États-Unis, notamment les Ashkénazes.

Après une première colonisation de la Palestine en 1882 sous la domination anglaise, en 1948 naît l’Etat d’Israël. 650 000 Juifs s’y installent, et en 1975 ils sont déjà près de 2 millions, provenant de tous les pays, mais notamment du Maroc (260 000), de Roumanie (230 000), de Pologne (156 000), d’URSS (150 000), d’Irak (130 000), d’Égypte, de Bulgarie, du Maghreb, etc.

Aujourd’hui, environ 15 millions de Juifs sont répartis dans le monde, dont 5,7 millions en Israël et 5,2 millions aux États-Unis.

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