Immigrés portugais en transit à Hendaye pour Paris. Mars 1965 - © Gerald Bloncourt

L’histoire de l’immigration en France

Au cours de l’ère contemporaine, la France a été une destination majeure des flux migratoires internationaux, attraction qu’elle doit à son développement économique, sa faible croissance démographique et son passé de puissance coloniale. Au fil du temps, les flux migratoires ont varié en intensité en fonction des cycles économiques, des politiques migratoires et des changements géopolitiques.

Selon les caractéristiques de l’époque contemporaine - marquée par la marchandisation de la main-d’œuvre, l’apparition des États-nations modernes, l’économie capitaliste, etc. - l’immigration apparaît dans l’Hexagone au milieu du XIXe siècle. À partir de cette période, nous avons subdivisé l’histoire migratoire en France en cinq phases, qui seront détaillées plus avant dans le Migral :

  1. La Troisième République (1870-1940) : à l'époque où la France devient un "État-nation" et où les responsables politiques veulent donner aux citoyens un socle culturel commun, les travailleurs étrangers viennent surtout des pays limitrophes (Belgique, Allemagne, Italie, etc.). Lorsque les flux migratoires - que l’État encourage - deviennent plus importants, des épisodes de xénophobie éclatent parfois, tandis que les migrants - qu’il s’agisse de provinciaux ou d’étrangers - font l’objet de stéréotypes négatifs. Après la Première Guerre mondiale, pendant laquelle la France fait appel à des travailleurs coloniaux pour pallier le départ des hommes partis au front, la croissance économique des années 1920 conduit l’Hexagone à organiser l’immigration de main-d’œuvre via des organismes dédiés et des accords bilatéraux avec certains pays.
  2. De la Seconde Guerre mondiale à la suspension officielle de l’immigration (1940-1974) : au sortir de la guerre, de l’occupation et du régime de Vichy, la France, exsangue, a besoin d’un apport de « sang neuf » pour rééquilibrer le déficit démographique et relancer l’économie. Le recours à l’immigration massive se poursuit pendant une vingtaine d’années, marquées par ailleurs par la guerre d’Algérie, l’émergence de la xénophobie et les signes avant-coureurs de la crise économique des années 1970.
  3. Arrêt de l’immigration de travail et incitations au retour des immigrés (1974-1988) : sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, la suspension de l’immigration de main-d’œuvre est décidée. Les gouvernements qui se succéderont par la suite, déclareront que le temps de l’immigration est terminé. Si les décideurs politiques promettent de mettre en place des mesures visant à insérer les immigrés déjà présents sur le territoire, dans le même temps ils modifient dans un sens restrictif la législation relative à l’entrée et au séjour des étrangers.
  4. L’émergence des sans-papiers et du concept d’intégration (1989-1998) : si d’un côté les nouvelles mesures législatives créent des dizaines de milliers d’immigrés irréguliers, qui deviennent des sans-papiers, la classe politique française cherche dans la notion d’intégration la voie pour canaliser les tensions sociales et entamer une démarche d’inclusion des étrangers extracommunautaires.
  5. La politique d’intégration en crise (1999-aujourd’hui) : sur le plan politique, la notion d’intégration, perçue comme trop floue et abstraite, est remplacée successivement par celle de « lutte contre les discriminations », de « cohésion sociale », puis de préservation de l’« identité nationale », jusqu’à se transformer en une simple procédure administrative : le « contrat d’accueil et d’intégration ». Parallèlement, les considérations sécuritaires de contrôle des frontières européennes et nationales priment toute autre préoccupation en matière d’immigration.

Ces cinq périodes de l’histoire migratoire en France sont jalonnées de multiples flux de réfugiés (exilés espagnols, antifascistes italiens, intellectuels du bloc soviétique, chiliens persécutés par le régime de Pinochet, Indochinois fuyant le communisme, rescapés des conflits qui ont cours, etc.), ceux-ci recevant un accueil plus ou moins favorable, fonction de l’attitude de l’opinion publique vis-à-vis de l’immigration en général.

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