Femmes migrantes et marché du travail
Le marché mondial du travail, légal ou illégal, laisse entrevoir des demandes spécifiques en direction des travailleuses migrantes dans des secteurs d’activité improprement qualifiés de travaux féminins. Cette expression se réfère à toutes les activités qui, de manière stéréotypée, ont été traditionnellement confiées aux femmes. Dans ces secteurs de l’économie, les femmes y sont proportionnellement beaucoup plus importantes que les hommes, car elles sont perçues comme étant plus à même d’assister des personnes ou bien de s’adapter, comme ayant moins d’exigences que leurs homologues masculins, capables de pourvoir des emplois qui requièrent attention, patience, constance et dépassements d’horaires.
Bien qu’un nombre important de femmes migrantes aient créé leur propre entreprise ou occupent des postes à haute responsabilité, la plupart d’entre elles sont recrutées comme employées de maison, gardes d’enfants ou de personnes âgées, travaillent dans l’hôtellerie, la restauration, les grandes surfaces (supérettes, etc.), les professions de santé (infirmières notamment), les « zones franches d’exportation » (des zones franches mises à disposition des multinationales par les États pour obtenir des avantages fiscaux en échange d’un emploi massif de main-d’œuvre à prix cassé), etc. À côté de ce type d’activités, les femmes migrantes peuvent occuper des emplois qui, de près ou de loin, sont liés au marché du sexe (thématique abordée dans une autre fiche du Migral. Cf. [#51]).
Travail domestique
La demande de travail domestique existe dans tous les pays, mais elle est particulièrement importante dans des régions telles que les aires géographiques à forte croissance économique situées en Asie orientale (Hong-Kong, Macao, Taiwan, Singapour, Japon), les pays du Golfe arabo-persique, Israël et l’Europe méridionale (Espagne, Italie, Grèce), où les aides sociales en direction des familles sont moins développées. Dans certains pays, comme en Italie, les badanti (du verbe italien badare = « prendre soin », « surveiller », qui pourrait se traduire de plusieurs façons selon les personnes concernées par cette « aide à domicile ») étrangères sont presque devenues un phénomène social : en 2013, dans la Péninsule, elles étaient près d’un million et elles font l’objet du stéréotype de la jeune femme venue d’ailleurs qui finit par séduire, à des fins économiques, l’homme âgé dont elle a la charge.
Si autrefois, de la moitié du XIXe siècle jusqu’aux années 1970, les employées de maison venaient surtout d’Irlande, d’Italie, d’Espagne, de Bretagne, du Portugal et des colonies, aujourd’hui elles viennent souvent des Philippines, d’Inde, d’Amérique latine (notamment du Pérou et de Colombie en ce qui concerne l’Europe, ou bien du Mexique pour l’Amérique du Nord), d’Europe de l’Est (Albanie, Roumanie, Bulgarie, Moldavie, Ukraine, Pologne, Russie), du Cap-Vert et du Maghreb. Lorsque dans les pays d’accueil des statistiques existent, elles montrent que près de 60% des femmes migrantes travaillent dans ce secteur d’activité.
Le travail domestique recouvre des tâches multiples qui peuvent représenter chacune un poste spécifique : ménage, garde d’enfants, services aux personnes âgées, handicapées ou malades, garde d’animaux domestiques, soins des plantes d’appartement, gouvernante, cuisinière, etc.
Le travail domestique se subdivise en deux catégories : le service domestique externe, autrement dit sans cohabitation avec les employeurs, préféré par les Européennes de l’Est et les Maghrébines, et le service domestique interne, où la travailleuse vit à demeure chez ses patrons, ce qui est fréquent chez les Philippines, les Latino-Américaines et les Africaines subsahariennes.
Les immigrées qui sont recrutées au service d’une famille sont confrontées à au moins quatre problématiques majeures :
Le travail non déclaré est très répandu dans le secteur domestique : le recrutement s’effectue le plus souvent de manière informelle (réseaux ethniques, le bouche à oreille) ou via des agences internationales quelque peu « douteuses », dont les sites webQK indiquent clairement la provenance des candidates et les profils requis.
Infirmières et professions paramédicales
Si l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande un minimum de 100 infirmiers pour 100 000 habitants (un sur 1 000), beaucoup de pays ne parviennent pas, loin s’en faut, à atteindre ce quota, tandis que d’autres le dépassent très largement. Si, par exemple, en République centrafricaine, au Libéria et en Ouganda le taux est de 1 pour 10 000, en Finlande et en Norvège il est supérieur à 1 pour 50.
Malgré cette disproportion, et en partie à cause d’elle, des flux importants d’infirmières des pays pauvres se dirigent vers les pays riches, et continuent de croître en dépit de la volonté affichée (mais peu mise en pratique) des pays d’immigration de combattre l’exode des cerveaux. L’exemple le plus éclatant est celui des infirmières philippines qui travaillent à 85% à l’étranger.
Les raisons qui poussent les infirmières des pays en voie de développement à partir sont la surcharge de travail (trop de patients pour une seule personne), des salaires bas, de faibles perspectives de promotion, le manque d’équipements et, surtout, la force de conviction des agences internationales de recrutement.
Les pays qui recourent le plus à la main-d’œuvre féminine paramédicale sont le Japon, le Canada et les USA, le Royaume-Uni, les pays scandinaves, les pays du Golfe arabo-persique et l’Afrique du Sud. De leur côté, d’après les études spécialisées et les rapports internationaux, les infirmières migrantes viennent principalement des Philippines, de Roumanie, de Pologne, des Caraïbes, d’Irlande, d’Inde et du Botswana.