Différents types de migrants

Caissière d'origine malgache dans un supermarché parisien - © Radio France Internationale

Le terme « migrant » n’est pas univoque (Cf. [#4]). Très souvent, lorsqu’on parle de « migrant » on emploie spontanément une figure rhétorique qui en opérant un raccourci attribue au tout l’action d’une partieQK. Ainsi, des personnes qui traversent la Méditerranée dans des embarcations de fortune sont appelés « migrants » par les médias, sans que l’on sache a priori s’il s’agit de réfugiés, de migrants économiques, d’expatriés, etc.

Selon les définitions internationales actuelles, être migrant/immigré signifie être étranger ou avoir une origine étrangère, mais les deux concepts  migrant/immigré, d’une part, et étranger, d’autre part  se réfèrent à deux logiques bien différentes, l’une impliquant la venue d’ailleurs, l’autre la non-jouissance de la citoyenneté/nationalité du pays dans lequel on vit. On peut ainsi être immigré et ne pas être étranger (personne naturalisée) ou être étranger sans être immigré (enfant d’immigrés né dans le pays d’installation mais qui n’a que la nationalité de ses parents).

Plusieurs catégories de personnes sont concernées de près ou de loin par le phénomène migratoire : migrant international, migrant transnational, frontalier, migrant interne, travailleur saisonnier, personne déplacée, migrant économique, demandeur d’asile, réfugié, apatride, étranger, étudiant étranger, expatrié, enfant d’immigrés, mineur isolé étranger, déporté, « esclave » étranger, gitan, etc. Chaque dénomination a sa raison d’être et s’avère socialement, politiquement et psychologiquement très importante.

Les catégories de migrants et leurs limites

Quand on essaie de catégoriser les différentes figures de migrants, on se fonde sur plusieurs critères : les motivations de départ, les perspectives du « projet migratoire », la durée ou la périodicité de la migration, la séquence chronologique de la trajectoire migratoire, la condition juridique, le type de citoyenneté reconnue, le nombre de pays d’installation, les compétences des migrants, le mouvement mono-, bi- ou pluridirectionnel ; on se place même dans l’optique du pays d’accueil (par exemple l’accueil qui résulte des engagements internationaux  réfugiés et regroupement familial, qu’en France on a récemment qualifié de “migrations subies”  l’accueil par quotas, sur la base d’accords intergouvernementaux, par tirage au sort, etc.).

Les dénominations ci-dessous visent à montrer l’ampleur des approches possibles selon le critère de catégorisation utilisé :

  1. les raisons du départ : migrations économiques, migrations forcées (réfugiés), expatriation, regroupement familial, migrations héliotropiquesQK, migrations « genrées »QK, migrations sentimentales, migrations étudiantes, migrations climatiques, migrations pour raisons de santé, migrations culturelles, etc.
  2. la phase chronologique du processus migratoire : « migrant » (action de se déplacer : trajectoire migratoire, causes de la migration, projet migratoire, politique migratoire des pays d’origine, politique migratoire des pays de destination, “modèle” migratoire, droit de migrer, contrôle des frontières, etc.) ; « immigré » (intégration, conditions de séjour, pluralisme culturel, etc.) ; « migrant de passage » ; « émigré »…
  3. la durée, la fréquence ou la périodicité du séjour : migration de peuplement, migration d’installation, migration temporaire (saisonnier, etc.), migration frontalière, noria migratoire, migration pendulaire, migration circulaire et « transnationale », etc.
  4. les destinations : migration interne, migration internationale, population déplacée, migration interrégionale, exode rural, migration Sud-Nord, Sud-Sud, Est-Ouest, etc.
  5. les compétences : migrations qualifiées, migrations peu qualifiées, exode (ou pillage) des cerveaux, etc.
  6. le statut juridique : migrations régulières, irrégulières ou illégales, migrations clandestines, sans-papiers, demandeurs d’asile, déboutés du droit d’asile, réfugiés, migrants communautaires, migrants extracommunautaires, etc.
  7. les générations : première, deuxième, troisième génération, etc. Beaucoup de chercheurs critiquent cette terminologie, car seule la première génération a effectivement migré. Les organismes internationaux, quant à eux, utilisent la catégorie « génération 1,5 » qui se réfère aux enfants d’immigrés arrivés très jeunes dans le pays d’accueil (terminologie elle-même critiquée en raison de la multiplicité des cas réels. Cf. [#20]).
  8. l’âge : migrants âgés, jeunes, mineurs, mineurs isolés, etc.

À une catégorie ne correspond pas un seul type de personne migrante, un même individu pouvant être associé à plusieurs phénomènes à la fois.

Dans le langage courant, que recouvre le terme « migrant » ?

Lorsque l’homme de la rue parle de « migrant », il ne pense ni aux riches investisseurs étrangers, ni aux expatriés hautement qualifiés, mais plutôt à une partie importante des migrants ayant des caractéristiques propres. Le migrant ou l’immigré serait  une personne : a) venant d’ailleurs ; b) arrivant dans un pays (région) économiquement plus développé, présentant des secteurs d’activité non délocalisables pour lesquels la main-d’œuvre étrangère est moins coûteuse ; c) partie « officiellement » pour des raisons le plus souvent économiquesQK ; d) exposée à la déqualification, à la stigmatisation, aux discriminations ou aux inégalités de traitement (en raison de revenus inférieurs à la moyenne du pays d’installation, de droits attachés à la citoyenneté non reconnus, de l’origine ethnique, de coutumes différentes, d’un manque de maîtrise de la langue du pays d’accueil, etc.) ; e) dont le projet migratoire est au départ temporaire, mais qui souvent s’éternise ; f) culturellement déracinée et se sentant toujours étrangère dans une terre considérée comme un lieu de passage ; g) qui doit envoyer des ressources nécessaires à la survie des membres de sa famille (au sens large) restés dans le pays d’origine.

…parmi bien d’autres typologies

Mais si la figure du migrant la plus courante est celle susmentionnée, il en existe bien d’autres, notamment celles relevant des migrations forcées (réfugiés, exilés, déportés, déplacés de force, etc.), que nous retrouverons plus loin dans le Migral.

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